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Rétrospective des 50 ans du Parc: quel sera le quotidien des Cévenols en 2070 ?

Vie du Parc
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Les ateliers futuristes © Laurent Cadéac
Durant les festivités de l'anniversaire des 50 ans du Parc national des Cévennes, quatre ateliers futuristes ont été proposés aux habitants afin d’imaginer notre quotidien en 2050. 68 personnes se sont glissées dans la peau de futurologues afin de répondre à quatre questions concernant nos habitations, notre alimentation, notre mobilité et nos loisirs. Morceaux choisis de leurs utopies.

Sur la tyrolienne départementale, à dos de dromadaire ou en aéronef silencieux : comment nous déplacerons-nous ? 

 

 

 

« Erik Orsenna sort de la malle des 50 ans. Il a très chaud et soif. Il entend des souffles, des frôlements et des glissements qui, seuls, peuplent le silence. Levant les yeux, il aperçoit de nombreuses tyroliennes, des drones, des parapentes à moteur à hydrogène, d’énormes ballons gros-porteurs ainsi que des cohortes de vélo-voiles. Il interroge un autochtone, M Verre, à qui il demande de l’eau. Cet homme obèse à la démarche lourde lui propose de lui vendre un verre d’eau de sa réserve familiale pour 18 €. Devant l’air hébété d’Erik Orsenna qui croit toujours être en 2020, ce militant de l’immobilité lui explique sa résistance à la folie des hommes qui bravent les lois de la nature.

Quel sera le quotidien des Cévenols en 2070 ? Erik prend conscience de la pénurie de l’eau sur le territoire. Interpellé par Anne Lagile qui fini son aéro-trail et l’équipe d’un ballon H2 pour monter par un fil sur la plateforme suspendue de M Létoile, elle lui explique la gestion de l’eau dans des lacs réservoirs, des anciennes mines, des grottes immergées et transportée par des ballons aérostat. Elle lui propose ensuite un séjour multi-activités virtuel en canyoning, pêche à la truite fario et randonnée survie. Lorsque Erik enlève son masque de réalité augmentée, la nuit est tombée. Il savoure une vision magnifique du ciel étoilé, que la folie des hommes n’a pas encore altérée ».

 

Cuisine fusion céveno-kabyle, agroforesterie du dimanche, cellier communal : comment nous alimenterons-nous ?

 

 

« Le climat a bien changé. Nous bénéficions d’une saison des pluies intense et bénéfique qui nous a permis de repenser nos pratiques agricoles et nos modes de transport. De toute façon, les routes se sont délitées par l’assaut répété de l’eau. Nous avons développé une agriculture plus locale connectée à des échanges régionaux comme la Camargue, par exemple, pour le riz. Nos races rustiques sont parfaitement adaptées aux conditions climatiques locales. Nous avons des brebis zébrées, des ânes léopard licorne. Notre alimentation s’est adaptée aussi : protéines à base de champignons, petits fruits de la forêt, légumineuses et puis la fameuse châtaigne « Coco des Cévennes » qui a obtenu le label en 2045. Nous transportons nos denrées via un réseau de tyroliennes et par des ballons dirigeables. Notre vie est belle ! ».

 

 

Maison millénaire, lauze synthétique ou salle des fêtes éphémères : à quoi ressembleront nos habitations ?

« Notre habitat est mouvant car notre société a appris à s’adapter aux besoins humains essentiels et aux conditions extérieures : événements climatiques brutaux. La propriété n’est plus individuelle, elle devient partagée. Il y a plusieurs formes d’habitats qui répondent aux différents besoins. L’habitat ancien, par exemple, au château refuge, des alvéoles modulables et interchangeables. Des grands espaces communs qui contribuent à réduire l’utilisation de l’espace. Des habitats plus éphémères dans la forêt.

Notre cohésion collective est régie par une charte d’engagement des habitants. Elle fonctionne grâce à des outils numériques, via des applications qui mettent en relation les lieux, les besoins de chacun, les ressources disponibles et les engagements de respect et de participation aux tâches. Nous évoluons vers plus de connexion spirituelle et logistique. Nous avons plusieurs temps de fête et de partage. Cette connexion est réelle et physique au sein des places du partage et de l’engagement. La biodiversité est partout, elle n’est pas cantonnée. Elle est au centre de notre charte ».

 

Randonnée olfactive, exploration d'écosystèmes ou festival international du sport silencieux : à quoi ressembleront le tourisme et nos loisirs ?

 

 

« Le 11 octobre 2070 est le jour de départ du premier trek climatique des Cévennes. 30 personnes de tous âges y participent. Ce trek va leur permettre d’aller à le rencontre des climats disparus et actuels. Il part des vallées cévenoles à travers les rivières obstruées et boueuses jusqu’au mont Aigoual, en passant par les falaises. Les trekkers ont des outils technologiques pour se déplacer dans ces milieux hostiles : des chaussures à ressorts et des ailes solaires. Ils utilisent aussi le chameau des Cévennes récemment domestiqué. La journée, les trekkers traversent des bulles climatiques pour ressentir la beauté et la douceur des environnements disparus. Le matin et le soir, ils entament la traversée des derniers milieux ouverts et des canopées protégées.

Une nuit est dédiée à l’observation de la voûte céleste. Le souvenirologue raconte comment était le ciel avant que les satellites ne l’encombrent et que la lune soit habitée. Après le passage apaisant sur les falaises dans la bulle suspendue des vents disparus, nous nous équipons pour affronter le climat violent et les tempêtes actuelles de l’Aigoual. Arrivés là-haut après avoir croisés d’immenses albatros, nous découvrons stupéfaits que l’observatoire a été aménagé en centre climato-thérapique -aéromal clandestin. Il soigne les jeunes touchés par des infections pulmonaires à l’aide des vents violents couplés à des soirées chicha d’agrumes fournis par une filière locale des gorges du Tarn ».

Restitution des ateliers futuristes en vidéo

 

Les enfants se téléportent en 2050

En parallèle des ateliers adultes, 18 enfants âgés de 6 à 13 ans ont également réfléchi à notre futur quotidien lors d’ un atelier proposé par deux médiatrices scientifiques de l’association Racines de Terriens, membre du RéeL-CPIE de Lozère.
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© Laurent Cadéac

L ’intervention a débuté par la lecture d'un conte. Nous sommes en 1970, deux petites filles âgées de 10 ans attendent leurs parents qui participent à une réunion pour créer le Parc national. Elles font connaissance et échangent sur leur quotidien de cévenoles. Suite à cette immersion, les enfants se sont répartis en 4 groupes pour imaginer leur vie à l’horizon 2070. Après quelques minutes de causerie et de dessins, les enfants sont passés à la partie bricolage, agencement et maquettage à partir d'éléments naturels collectés afin de créer un mini monde futuriste dont ils sont aussi les acteurs. «Nous avons tenté d’ouvrir les champs des possibles en leur demandant de se projeter dans le temps sur les thématiques de l’alimentation, l’habitat, le déplacement et les loisirs. De manière générale, ils ont répondu souhaiter un avenir dans le respect de l’environnement et de l’homme », relate Prune Pellet, intervenante.

L’atelier s’est terminé par un temps fort où les 4 maquettes thématiques ont été présentées par chaque groupe puis assemblées pour ne former qu’un paysage unique, diversifié, et relié par une rivière. Ce paysage comporte des champs de céréales pour fabriquer du pain. Des grands bois sont destinés à la fabrication de charrettes afin de se déplacer. Des zones de ronceraie et autres plantes sauvages permettent la récolte de petits fruits. Des troupeaux pâturent, des vergers entourent des maisons écologiques. Des chevaux, des vélos, des motos et des skates volants sont utilisés pour les déplacements. Une piscine chauffée est alimentée par une source...

Prune Pellet et Mélanie Bastian, Racines de Terriens

Avez-vous reçu De serres en valats ?

Cet article est extrait du nouveau numéro du magazine du Parc De serres en valats.
Numéro exceptionnel dédié aux 50 ans du Parc, il a été distribué dans les boites aux lettres des habitants du Parc national des Cévennes à la mi-décembre.

Dorénavant, tous les habitants - résidents permanents et secondaires, "stop pub" ou non - de toutes les communes coeur et/ou adhérentes du Parc national sont destinataires du magazine.
41 500 exemplaires ont été imprimés et plus de 40 000 seront distribués dans les boîtes aux lettres.

L'établissement remercie toutes celles et ceux qui auraient dû être destinataires de De serres en valats mais ne l'ont pas reçu, de le lui faire savoir par mail en écrivant à  communication@cevennes-parcnational.fr et en précisant impérativement  leur nom, prénom et leur adresse postale complète.