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Les grands paysages cévenols

Composés de crêtes étroites et de vallées profondes et encaissées – les serres et les valats –, les paysages identitaires des Cévennes contribuent fortement au caractère du Parc national, à travers l’organisation géographique et humaine de chacune des vallées cévenoles.

La structure paysagère des Cévennes reflète une utilisation des ressources au plus juste. Chaque espace plat est dédié aux cultures : les prairies de fond de vallée longent les cours d’eau et leur ripisylve, les terrasses jardinées et cultivées bordent les villages, les hameaux et les mas isolés, construits en schiste, sont implantés sur les pentes. Puis les pré-vergers, notamment la châtaigneraie, conduisent aux prairies de pâturage et de fauche. Enfin, la forêt occupe tous les serres du pays cévenol, hormis les crêtes les plus hautes, dédiées aux parcours.

 

Sommaire cliquable
Vergers de châtaigniers
Constructions en pierres sèches
Paysages agro-pastoraux
Paysages forestiers

 

Vergers de châtaigniers

La châtaigneraie en verger a fait l’objet d’un entretien soigné et continu au cours de sa longue période d’exploitation. Les vergers étaient nettoyés, les arbres régulièrement taillés. Après plusieurs décennies de déprise agricole, les vergers abandonnés ont évolué en taillis denses. 

Aujourd’hui, la majeure partie du verger se présente comme un vaste boisement en grande partie délaissé, conséquence des coupes réalisées aux heures sombres de l’exode rural pour fournir du tanin aux industries. Le petit millier d’hectares de vergers encore entretenus autour des hameaux, les vieux arbres, les multiples pentes aménagées en terrasses, les ouvrages hydrauliques, les clèdes, sont des éléments emblématiques des paysages cévenols.

Constructions en pierres sèches

La pierre sèche est, en Cévennes,  intimement liée aux terrasses de culture. Celles-ci permettent de gagner quelques espaces plats sur la pente et contribuent à la qualité des paysages. Avec le déclin de la population rurale, les terrasses – bancels ou faïsses – ont été progressivement abandonnées. Elles sont néanmoins chères au cœur des Cévenols et revêtent à leurs yeux une valeur culturelle identitaire.  

Une agriculture orientée vers la qualité, à forte valeur ajoutée, comma par exemple la culture de l’oignon doux, semble le meilleur moyen d’assurer la pérennité des terrasses. L’engagement des collectivités à promouvoir la filière pierre sèche est un autre levier de développement.

Paysages agro-pastoraux

Les grands paysages ouverts légués au territoire par l’histoire et la culture agropastorales sont représentés dans les hautes terres du cœur du Parc national par les steppes caussenardes et les sommets des massifs granitiques. Ils ont été reconnus en 2011 pour leur valeur universelle et inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité.

Les paysages des hauts plateaux dénudés

Ces grands paysages ouverts de pelouse d’allure steppique, que l’on trouve sur les causses et à l’étage montagnard du Lozère, de l’Aigoual ou du Bougès, regroupent l’essentiel des espaces de pâturage extensif du Parc national. Ils sont faits d’une mosaïque d’habitats naturels et de zones herbacées dont les formes et les couleurs jaunes, vertes et violacées, souvent associées à des reliefs ruiniformes, contribuent au charme des immensités ouvertes sur des horizons infinis.

Les perspectives vers les crêtes et les sommets sont lointaines. Les regards passent au-dessus des vallées et des gorges que l’on ne découvre qu’en les surplombant à partir de belvédères offrant des panoramas impressionnants. Sur les causses, l’érosion du calcaire produit d’étonnants chaos de roches aux formes étranges, comme celui de Nîmes-le-Vieux.

Les implantations humaines (fermes isolées et hameaux dispersés) dépendent beaucoup des dolines, seules terres cultivables. Le patrimoine vernaculaire, hérité de l’activité agricole traditionnelle, rythme également les paysages.

Les paysages des crêtes et des sommets

Ces paysages se situent sur les parties sommitales du Parc national, entre 1 400 m et 1 600 m. Ils sont le point d’aboutissement des troupeaux transhumants en provenance notamment des plaines languedociennes. Les forêts forment le socle de ces monts - Lozère et Aigoual -, avant les landes et les prairies des sommets. Le bâti en granite et le patrimoine vernaculaire sont riches.

La progression de la forêt aux dépends des paysages ouverts

L’expansion des boisements est l’élément majeur de transformation contemporaine de ces paysages ouverts agropastoraux. Les milliers d’hectares reconquis naturellement par la forêt dans le cœur du Parc national sont essentiellement le fait des pins : pins sylvestres spontanés ou pins noirs introduits. Ces accrus naturels se font aux dépends des pelouses d’altitude et des parcours de landes actuellement moins soumis à la pression du pastoralisme.

Paysages forestiers

Couvert à plus de 70 % par la forêt, le Parc national des Cévennes est le plus forestier des parcs nationaux métropolitains et les paysages forestiers sont les plus vastes sur le territoire. Qu’elles soient naturelles ou artificielles, anciennes ou jeunes, les forêts sont un élément constitutif de l’identité du Parc national.

La châtaigneraie cévenole

La châtaigneraie ne dépasse pas 900 m d’altitude et occupe essentiellement les vallées cévenoles. Complétée par les grandes pineraies de pin maritime du bassin alésien et des accrus de chêne vert, elle forme sur les Cévennes une couverture boisée quasi continue que seules trouent quelques clairières agricoles autour des hameaux et des villages.

Les forêts des hautes terres

Les boisements des hautes terres s’organisent autour des espaces ouverts du cœur. Ce sont principalement des forêts de moyenne et de haute altitude. Les chênes blancs et sessiles occupent ponctuellement les parties les plus basses. Le hêtre, installé à l’étage montagnard, est en position dominante sur les flancs nord, marginal sur le calcaire et majoritaire sur les reliefs granitiques. Il est souvent associé au sapin. Les conifères des reboisements déroulent leurs sombres manteaux sur les plus hauts versants et plateaux. Les pins sylvestres spontanés, très conquérants sur les hautes terres, sont l’un des vecteurs de fermeture des espaces ouverts.