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Le Parc national agit en faveur de l'agriculture biologique

Les partenaires de la charte du Parc national des Cévennes se sont engagés collectivement à définir et promouvoir un dispositif d'accompagnement du territoire en matière de pratiques respectueuses des principes de l'agriculture biologique et plus globalement de l'agro-écologie.
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Le marché de Florac est un lieu de rendez-vous convivial entre des consommateurs avertis et des producteurs locaux soucieux de la qualité de leurs produits.

Une étude pour identifier les freins et les leviers


Le Parc national des Cévennes bénéficie de productions agricoles très diversifiées. On y élève des brebis, des chèvres, des vaches ; on y cultive des châtaignes, des plantes médicinales et aromatiques ; on y pratique  le maraîchage, l’arboriculture  on y produit du vin, du miel… Tous ces produits sont une grande richesse pour le territoire. Ces filières s’appuient le plus souvent sur des pratiques agricoles  raisonnées.

Dans la charte du Parc national, les acteurs ont affirmé leur volonté de soutenir une agriculture respectueuse de l'environnement et de la biodiversité et donc de privilégier l'agriculture biologique.

Avec le soutien du Conseil régional Languedoc-Roussillon et du ministère de l'Agriculture, l'établissement public du Parc national a donc confié une mission à un groupement de partenaires (Oier-Suamme*, Sud et Bio, chambres d'agriculture du Gard et de la Lozère) pour la définition d'un état des lieux puis d'un plan d'actions pour le développement de l'agriculture biologique dans le Parc national.

L’objet de cette enquête menée sur le terrain pendant plus de six mois auprès de nombreux producteurs, transformateurs et distributeurs, était d’identifier les leviers et les freins au développement de  l'agriculture biologique dans le Parc national.  Une fois ces mécanismes connus et compris, un plan d’actions pour aider tous les acteurs concernés sera être élaboré.


L’étude a révélé plusieurs éléments favorables à une installation ou une conversion en « bio » :  

  •   le fait de vivre dans un espace naturel protégé et de bénéficier de  l’image de marque d’un parc national ;
  •   le fait qu’une installation en agriculture biologique s’intègre dans un véritable projet de vie global ;
  •  une organisation déjà performante des circuits courts et des outils collectifs de transformation sur le territoire.

Un certain nombre de freins à la généralisation du bio sur le territoire ont également été analysés. La représentation que se font les producteurs et les consommateurs de l’agriculture « bio » est souvent celle d’une activité peu professionnelle. Les itinéraires techniques et économiques sont souvent jugés compliqués, pour une plus-value qui n’apparaît pas de manière très évidente. Les filières longues sont prédominantes.

* Organisme inter-établissements du réseau des chambres d'agriculture du Languedoc-Roussillon - Service d'utilité agricole montagne Méditerranée élevage.

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Sur les 1 430 exploitations agricoles du Parc national, 202 sont en agriculture biologique, ce qui représente 4 270 ha.

Vers un plan d’actions multipartenarial

A partir de l’étude et de ses enseignements, l’objectif de l’établissement public du Parc national était d’élaborer un programme d’actions qui soit partagé et validé par tous les opérateurs agricoles concernés et associés dès le départ à la démarche.

Après plusieurs séances de travail collégial entre producteurs, transformateurs et partenaires techniques un programme d'actions transversales à mener prioritairement a  été présenté au comité de pilotage de l’étude.  

Il s’organise autour de cinq  axes principaux :

  •  s’approprier et porter la volonté d’aller vers un territoire « plus bio »
  •  travailler sur la formation, et l’expérimentation en production ;
  •  communiquer auprès des producteurs et des consommateurs ;
  •  faire connaître les dispositifs d’aide à la conversion en bio existants ;
  •  développer et structurer de véritables filières bio sur le territoire. 

En ce qui concerne le développement de filières bio  dans le Parc national, le comité de pilotage a choisi de travailler plus spécifiquement sur deux productions agricoles traditionnelles et emblématiques : la châtaigne et les caprins.

Des acteurs de ces deux filières se sont donc réunis à plusieurs reprises et ont identifié les principales actions à réaliser.

 

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© Viviane de Montaigne PNC

La labellisation d’une véritable filière « châtaigne bio »nécessite peu d’évolution. La production de châtaignes utilise déjà peu d'intrants et est restée traditionnelle. Pourtant, les transformateurs comme Verfeuille et Fariborne manquent de châtaignes bio. Il faudrait donc développer la mention collective en bio - une certification collective en bio des apporteurs particuliers de châtaignes -, et agir de la production à la commercialisation.

 

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La mise en place d’une filière caprine bio dépend du développement d’une filière fourrage bio. Aujourd'hui, pour produire du Pélardon bio, la plus grande difficulté pour le producteur est de se fournir en fourrage bio à un prix raisonnable. Pour produire du lait, une chèvre a en effet besoin d'un fourrage de grande qualité et les producteurs sont donc très exigeants. Une filière fourrage bio dans la plaine du Gard permettrait d’approvisionner les éleveurs caprins des Cévennes. Ce travail avait déjà été initié par le CIVAM Bio 30 (Centre d’Initiative pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu Rural) et la chambre d'agriculture du Gard. Il faut le reprendre et le mener à son terme.

Les autres actions définies dans le programme d’actions seront portées soit par le Parc, soit par les autres partenaires, en fonction des compétences de chacun, et pour une meilleure appropriation de l’objectif.


Contact : Viviane de Montaigne - Chargée de mission agri-environnement du Parc national - viviane.de.montaigne@cevennes-parcnational.fr

 

 

 

 

© Viviane de Montaigne PNC

Des dispositifs pour développer l’agriculture biologique ont été mis en place par la région Languedoc Roussillon.
 

Le Visa Bio
Cet outil s’adresse à tous les agriculteurs qui souhaitent convertir leur exploitation en agriculture biologique. Un diagnostic précis identifie les modes de fonctionnement techniques et économiques à faire évoluer pour réussir sa conversion, et donne des conseils sur la manière de s’y prendre.

 

Le contrat de filière AGIR pour la Bio
Cet outil permet de créer des projets collectifs de filières bio et solidaires. Le contrat prend en charge les études, le temps d’animation et les besoins pour la mise en œuvre des actions de développement. Cet outil très concret a déjà permis à plusieurs filières bio de voir le jour.

 

Contact : Sud et Bio - Amelie Berger, coordinatrice - www.sud-et-bio.com

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Geneviève Faure et Antonin Damperat ont fait d'emblée le choix du bio.

Questions à : Geneviève Faure et Antonin Damperat, producteurs de plantes médicinales et aromatiques et de cosmétiques à Sainte-Croix-Vallée-Française

Vous vous êtes installée comme productrice de plantes médicinales en 2004, et en 2011 votre fils a rejoint l’exploitation. Vous avez d’emblée fait le choix du bio…
Oui, pour nous, être labellisés AB est la reconnaissance du fait que nous produisons des plantes de qualité. Nos plantes ont vocation à soigner et à soulager, il nous faut donc une preuve que ce sont des plantes saines. C’est important que nos clients aient confiance en nos produits.
Nous ne concevrions pas de travailler autrement.  Pour nous, l’agriculture biologique est une belle façon de produire. Mais ce n’est pas qu’une manière de cultiver, c’est aussi un état d’esprit et une volonté de comprendre son environnement pour travailler la terre en la respectant. Même si nous n’étions pas labellisés, nous pratiquerions de même.

Quelle est votre vision de l’agriculture biologique dans le Parc national des Cévennes ?
Nous avons la chance de vivre sur un territoire qui convient parfaitement à une activité en agriculture biologique. Nous sommes au cœur d’un  espace naturel protégé.  Il semble donc facile et logique de produire bio.


 

Vous avez choisi également d’adhérer au syndicat des Simples et à Nature et Progrès. Qu’est-ce que cela vous apporte de plus que le label AB ?
Le syndicat des Simples est spécifique aux plantes aromatiques et médicinales. Son cahier des charges insiste sur le travail à la main, la préservation du milieu et de la ressource floristique, et la qualité des plantes. C’est important pour nous d’afficher cet engagement.

Nature et Progrès regroupe des producteurs et des consommateurs au sein d’un même réseau qui labellise les exploitations à partir d’un système participatif de garantie. Ce n’est pas la production qui est labellisée mais l’exploitation agricole en elle-même.

Nous avons adhéré à Nature et Progrès pour cette démarche participative et ce réseau d’échanges. Ce sont des valeurs que nous partageons et dans lesquelles nous nous reconnaissons. D’autre part, nous voulions un label de cosmétiques biologiques pour les crèmes et les savons que nous fabriquons. Nature et Progrès répondait à ce besoin.

GAEC Les Plantes des Cévennes
48100 Sainte-Croix-Vallée-Française

www.lesplantesdescevennes.fr

Source : Magazine De serres en valats n° 37 - Juillet 2014