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Survivre à la sécheresse, le défi du futur

Flore
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Joubarbe toile d’araignée © Gaël Karczewski

 

La plupart des espèces végétales souffrent du manque d’eau. Dans les milieux rocheux ou les garrigues, des végétaux sont bien adaptés pour faire face aux sécheresses récurrentes. Ces plantes stockent l’eau, possèdent des feuilles réduites ou forment des coussinets pour réduire la perte d’eau par évapotranspiration.

 

Pour faire face à la sécheresse, dont les effets sont accentués par l’absence de sol, certains groupes de
plantes survivent en stockant l’eau. C’est le cas des Orpins ou Sedums, des plantes grasses issues de la famille des Crassulacées. Une dizaine d’espèces sont présentes dans le Parc, dont sept sont strictement liées à des dalles ou parois rocheuses. Parmi elles, citons l’Orpin hirsute (Sedum hirsutum). Ses feuilles sont charnues et glanduleuses. Les tissus cellulaires de ses feuilles sont conçus pour emmagasiner l’eau et la conserver. En pleine journée, les stomates (petits orifices sur la tige ou la feuille qui assurent les échanges gazeux) se ferment afin d’ éviter la transpiration. La plante photosynthétise avec le CO2 qu’elle a stocké au cours de la nuit, lorsque ses stomates étaient ouverts.

Dans cette même famille, la Joubarbe toile d’araignée (Sempervivum arachnoideum), est beaucoup plus rare car elle ne s’épanouit qu’à partir de 1500 m d’altitude dans les zones rocailleuses. Un ensemble de longs filaments couvre ses feuilles prenant l’aspect d’une toile d’araignée ce qui lui permet non seulement de capter l’humidité atmosphérique mais aussi de lui assurer une certaine isolation thermique afin de limiter également l’évapotranspiration. Par ailleurs, son port en rosette compacte (feuilles de sa base étalées en cercle sur le sol) limite au maximum l’exposition de ses feuilles aux rigueurs du climat (sécheresse, vent et froid).

Moins transpirer

 

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Saxifrage des Cévennes © Yves Maccagno - PNC

Plus la surface d’une feuille est grande, plus l’évapotranspiration est importante. Réduire sa taille permet donc logiquement de la limiter. Ainsi dans les landes et garrigues calcaires, le Genévrier cade (Juniperus oxycedrus) comme tous les conifères, arbore de fines aiguilles. Leur abondance permet de pallier à la nécessité de conserver une capacité de photosynthèse et de croissance suffisante pour que l’arbuste puisse se maintenir dans ce milieu.


Les plantes formant un coussinet dense de feuilles sont un autre exemple d’adaptation. La Saxifrage des Cévennes (Saxifraga cebennensis) caractéristique des parois calcaires en est une illustration d’autant plus marquante que chaque feuille est couverte d’une couche de poils glanduleux contribuant à freiner l’évaporation... La Potentille caulescente (Potentilla caulescens), endémique des Grands Causses présente les mêmes caractéristiques.

 

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Ciste à feuilles de sauge © Jean-Pierre Malafosse – PNC
 Elles jouent avec le feu !

Si certaines plantes s’adaptent à la sécheresse, d’autres apprécient même le feu ! L’apparition des maquis, landes méditerranéennes, résultent de l’incendie de la chênaie verte. Les plantes qui prennent le relais de la chênaie brûlée sont des pyrophyles, c’est à dire des espèces favorisées par le feu. Ces dernières n’y résistent que si une partie au moins de leur partie souterraine ou de leurs bourgeons survit. La plupart des arbustes de la garrigue : Arbousier, Callune, Bruyère arborescente, Phyllaire, Buis… disposent de cette capacité. D’autres plantes naissent des cendres grâce à leurs nombreuses
graines enfouies dans le sol. Leur germination est stimulée par l’effet calorifique du feu en surface. Citons les cistes qui s’observent dans le piémont et les vallées cévenoles et plus généralement dans le milieu méditerranéen. 4 à 5 ans après un incendie, des versants entiers peuvent ainsi être couverts d’une magnifique draperie ornée de grosses fleurs blanches. Cet arbrisseau se protège de l’évaporation grâce à ses feuilles ondulées et velues qui s’enroulent par la face inférieure en cas de fortes chaleurs. Autant dire que les plantes pyrophyles ne sont pas prêtes de disparaître !

 

 

 

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Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc de serres en valats. Son Grand angle vous présente les stratégies des plantes pour survivre dans des conditions parfois extrêmes en Cévennes.

Vous pouvez le télécharger sur notre site en cliquant sur ce lien