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Loup : un nouveau dispositif pour la protection des troupeaux

Agriculture

 

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© Olivier Prohin - PNC

 

Afin de renforcer l'arsenal d'outils de protection des troupeaux face au risque d'attaques de loups, le Parc national, les services de l'Etat et la profession agricole souhaitent expérimenter, dès cette saison, un nouveau dispositif en Lozère : une brigade de bergers d'appui. 


Revenu naturellement en France depuis l’Italie, le loup est une espèce protégée au niveau national et européen. Sa présence sur le territoire du Parc est attestée depuis 2012. Jusqu’en 2021, la présence du grand canidé sur le mont Lozère et les causses se caractérisait par le déplacement d’individus solitaires.

Fin 2021, pour la première fois, deux loups ont été observés en même temps par un piège vidéo sur le mont Lozère et plusieurs profils génétiques ont été identifiés par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) à partir des indices récoltés. Une opération de hurlements provoqués a donc été organisée par l’OFB avec l’appui de l’établissement et de partenaires qui a permis de confirmer la première reproduction d’un couple de loups sur le mont Lozère.

Le soutien à l’agro-pastoralisme a toujours été une priorité pour l’établissement public du Parc, elle a été affirmée par le conseil d’administration dès le retour du loup sur le territoire (cf. entretien d’Henri Couderc page 5). L’année dernière, une forte recrudescence d’attaques a eu lieu en Lozère puisque 64 constats d’ovins ont été imputés au loup par la Direction départementale des territoires (DDT) faisant 488 victimes sur le département de la Lozère (la Margeride concentrant l’essentiel des attaques).

Face à ces augmentations et au désarroi des éleveurs, le Parc national a proposé à la profession agricole de Lozère d’expérimenter la mise en place d’une équipe mobile de bergers d’appui pour apporter un soutien aux éleveurs qui en auraient besoin. Le Parc a mobilisé 10 000 euros via le plan national loup pour cette expérimentation.

 

Les parcs nationaux alpins l’ont testé

 

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© Régis Descamps - PNC

« Dans le cadre du plan national loup, les parcs nationaux sont identifiés comme des territoires d’expérimentation pour la mise en place de mesures de protection des troupeaux afin de faire diminuer la prédation et favoriser une meilleure cohabitation entre l’élevage et la présence du loup », explique Rémy Chevennement, directeur adjoint du Parc national. Ainsi des brigades de bergers interviennent dans les parcs nationaux alpins depuis plusieurs années maintenant, « les résultats sont encourageants et le travail apprécié par les éleveurs qui en bénéficient ».

Ce dispositif prendra la forme de deux bergers d’appui qui seront recrutés et formés par le service de remplacement. C’est un groupement d’employeurs dirigés par des agriculteurs qui propose des agents de remplacement aux adhérents. Ces bergers pourront aider les éleveurs lozériens à installer des clôtures pour le gardiennage des troupeaux ou les épauler suite à des attaques durant la saison de pâturage. « Deux bergers, cela peut paraître peu, mais cela correspond à ce qui est mis en place en Isère, en Savoie et dans les Hautes-Alpes qui sont pourtant des territoires beaucoup plus impactés par la prédation. Quoi qu’il en soit, il s’agit là d’un premier test, un bilan sera effectué à la fin de la saison afin de savoir comment cette aide supplémentaire est accueillie par les éleveurs, si elle est utile pour répondre aux besoins et si elle peut être pérennisée », poursuit Rémy Chevennement.

Les bergers recrutés devront être expérimentés et disposer d’une bonne connaissance du territoire puisqu’ils seront amenés à se déplacer fréquemment, ce qui implique de pouvoir être logés au plus près des lieux d’intervention.

Cet appui humain viendra compléter le dispositif de protection déjà existant dans le cadre du plan national loup, piloté localement par les préfets, qui permet aux éleveurs du cœur de Parc d’être accompagnés pour mettre en place des mesures de protection des troupeaux (frais de gardiennage, achat de clôtures mobiles, achat et entretien de chiens de protection grâce à des subventions pouvant atteindre 100 % des coûts en cœur de Parc).

Pour bénéficier du service d'appui, un éleveur doit avoir adhéré au service de remplacement et doit appeler le service de remplacement, en charge de la gestion des plannings de ces agents (au 04 66 65 99 44 et au 06 77 40 81 16 du lundi au Jeudi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h00, le vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 16h30).

Le rôle du Parc

 

Outre l’accompagnement des éleveurs pour la mise en œuvre des moyens de protection, l’établissement public du Parc conduit d’autres missions sur le sujet du loup. Depuis de nombreuses années, il travaille pour offrir des hébergements décents aux bergers. Ainsi, depuis 2016, 6 nouvelles cabanes pastorales, ont été construites en cœur de Parc sur les estives de Finiels, Mijavols, Massevaques, L’Hôpital, au sommet de l’Aigoual et à la Borie-du-Pont, portant à une quinzaine le nombre d’hébergements de bergers sur des propriétés du Parc.

 

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© Olivier Prohin

 

Dans le cadre du plan Loup, les agents de l’établissement sont aussi mobilisés pour la réalisation de constats lors d’attaques de troupeaux. En 2022, 24 constats ont été dressés pour 89 ovins tués sur le territoire du Parc, principalement sur le mont Lozère. Les constats sont effectués rapidement afin de permettre l’indemnisation des éleveurs.

Cet été, pour la troisième année consécutive, des saisonniers embauchés par l’établissement se déplaceront en binômes sur les lieux les plus fréquentés afin d’informer les visiteurs sur les pratiques pastorales, le partage de l’espace, le comportement à adopter face aux chiens de troupeaux et pour respecter le travail des éleveurs et bergers. L’été dernier, le binôme du mont Lozère a également pu apporter un appui technique aux éleveurs impactés.

Espèce protégée, le loup fait l’objet d’un suivi par l’OFB afin d’améliorer la connaissance sur son comportement. Chaque hiver, les agents du Parc effectuent des prospections sur des pistes enneigées pour rechercher des traces et collecter des indices biologiques. Ainsi, au cours de l’hiver 2022 /2023, 495 kms parcourus à pied ont permis de suivre 10 pistes de loups et collecter 16 échantillons (excréments et poils). Ils ont été transmis à l’OFB pour des analyses génétiques.

 

 

DSEV

 

Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc de serres en valats. Son Grand angle vous propose des focus thématiques sur les animations estivales et les nouveautés. Vous pouvez le télécharger sur notre site en cliquant sur ce lien