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Les pieds dans l’eau

Flore
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Drosera rotundifolia © Bruno Descaves - PNC

 

Le territoire du Parc compte plus de 2000 zones humides. Occupant une surface globalement faible, les prairies humides et tourbières sont des écosystèmes clés pour la régulation de l’eau : elles atténuent les crues, alimentent les nappes phréatiques et stockent du carbone. Très fragiles, ces milieux abritent une végétation basse, spécialisée et rare. Les 5000 km de cours d’eau qui sillonnent le Parc sont quant à eux longés sur leurs berges par des rideaux d’arbustes et d’arbres. En eau stagnante ou en eau courante, la vie est différente.

 


L’eau saturant le sol en permanence et circulant très lentement, les tourbières sont privées d’oxygène, un élément nécessaire pour favoriser la décomposition de la matière organique. En l’absence de perturbation du milieu, celle-ci s’y accumule durant des milliers d’années. Dans ces sols acides et pauvres en éléments nutritifs, certaines plantes ont une alimentation particulière. Elles sont carnivores afin de trouver l’azote nécessaire à leur croissance. C’est le cas du Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), espèce présente dans les tourbières du mont Lozère et de l’Aigoual. Ses feuilles, comme des tentacules, sont couvertes de poils, à l’extrémité desquels transpirent des gouttelettes collantes capables d’engluer les insectes qui auraient eu la mauvaise idée de s’y poser. Ces mini-tentacules se referment ensuite lentement sur leur proie qui va être digérée par des enzymes contenues dans les gouttelettes.


Piège en eau trouble

 

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Pédiculaire des bois © Cyril Rombaut - PNC

 

Dans ces mêmes tourbières, la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris) et la Pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica), disposent quant à elles d’un arsenal discret. Ces plantes bisannuelles à fleurs roses sont semi-parasites. Autrement dit, elles sont pourvues de chlorophylle ce qui leur permet de couvrir une partie de leurs besoins en nourriture via la photosynthèse, mais ce n’est pas suffisant. Pour compléter leur alimentation, elle vont aussi puiser des éléments nutritifs sur des plantes hôtes. Ainsi, elles disposent de suçoirs servant de ventouses qui vont se coller sur les racines de leurs voisines pour aspirer leur sève brute.

 

 

 

 

 

 

 

Des bactéries bienveillantes

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Aulne glutineux © Rémy Barraud - PNC


Sur la plupart des bords de rivière du territoire du Parc, se dresse l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa). Cet arbre possède souvent un réseau de fortes racines qui serpentent sur les berges maintenant solidement les amas de galets et graviers et sa souche résiste aux fortes crues. Ses racines, imputrescibles sous l’eau, se colorent en rouge vif lorsqu’elles sont à l’air libre. Mais ce qui fait surtout l’originalité des racines de l’Aulne glutineux, c’est qu’elles abritent des bactéries capables de capter l’azote atmosphérique et le transformer en azote minéral assimilable. L’arbre bénéficie donc d’un apport en azote inépuisable ce qui lui permet aussi de fertiliser le sol afin de préparer le terrain aux espèces écologiques plus exigeantes qui lui succéderont. Autrefois, l’humble Aulne rendait aussi service aux cévenols, son bois était utilisé pour la fabrication de sabots et ses branches réduites en fagots servaient à allumer les fours à pain.

 

 

 

 

 

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Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc de serres en valats. Son Grand angle vous présente les stratégies des plantes pour survivre dans des conditions parfois extrêmes en Cévennes.

Vous pouvez le télécharger sur notre site en cliquant sur ce lien