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Le voyage de l’eau sous le causse Méjean – Épisode 2 – Le périple d’une goutte d’eau

Eau et milieux aquatiques
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Entrée de l'aven de la Barelle © N Maltaverne
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Descente dans l'aven de la Barelle © Philippe Crochet
 
Le Parc national des Cévennes et le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) ont réalisé entre 2016 et 2020 une étude hydrogéologique du causse Méjean. L’objectif était de mieux connaître le fonctionnement des eaux souterraines de ce vaste plateau calcaire.
 
Dans ce second épisode, nous vous proposons de suivre le circuit souterrain qu’emprunte une goutte d’eau.

 

Durant quatre ans, des études ont été conduites afin de mieux connaître le cheminement des eaux souterraines du causse Méjean. Des sondes ont équipé les sept principales sources : Moulin de Pélatan, Castelbouc, les Ardennes, l’Ironselle, les Douzes, le Pêcher et Mas- Saint-Chély. «L’objectif était d’évaluer le débit, la température et la conductivité de l’eau afin d’identifier les principales réserves en eaux souterraines ainsi que leurs relations avec les eaux de surface du Tarn, de la Jonte et les eaux qui s’infiltrent sur le causse», résume Claudine Lamotte, cheffe de projet au BRGM.

 

Des résultats surprenants

 

En parallèle, 22 traçages ont été effectués, en partenariat avec le Comité départemental de spéléologie de la Lozère. «Depuis les avens du causse Méjean ou de l’intérieur des grottes, une substance fluorescente neutre pour l’homme et l’environnement a été injectée dans l’eau. Les traces de ce colorant ont ensuite été recherchées quelques jours ou quelques semaines plus tard dans les sources des gorges grâce à des appareils de mesure », explique Yannick Manche, chargé de mission eau au Parc national.


Première surprise, lorsqu’une goutte d’eau tombe sur le causse, elle s’écoulera dans le Tarn dans 95 % des cas. Seulement 2 traçages ont été restitués dans la Jonte. Cela signifie que notre goutte d’eau est capable de traverser entièrement le réseau souterrain du causse sur un axe sud-est / nord- ouest pour rejoindre le Tarn. C’est le cas lorsqu’elle tombe par exemple à Gatuzières au niveau de la Perte de la Fontaine de Mielgue. Il lui faut presque 6 jours pour traverser les formations géologiques avant de se jeter dans la source des Ardennes au niveau de La Malène.

Mais son voyage peut durer encore plus longtemps. Depuis l’aven du Crapaud sur la commune de Vébron, elle mettra presque 27 jours pour rejoindre la source de Castelbouc à Sainte-Enimie. La forme des réseaux de drainage peut en effet accélérer ou ralentir son périple. Le trajet le plus court dure presque deux jours et s’effectue entre l’aven de la Bastide et la source du Pêcher, tous les deux à Florac.

 

 

 

 

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Source de Castelbouc © Philippe Crochet
 
Pourquoi l’eau de pluie se déverse-t-elle dans le Tarn ?

Le Tarn capte les eaux pour des raisons géologiques. Elles s’expliquent par l’orientation des couches de roches. « Leur pendage (inclinaison) part du sud/est vers le nord/ouest donc l’eau s’écoule préféren- tiellement dans ce sens, par gravité », explique Eglantine Husson, géologue du Karst au BRGM.

D’autres facteurs entre en ligne de compte et notamment l’incision de la vallée du Tarn qui a précédé la création des vallées de la Jonte et du Tarnon. « La vallée du Tarn a permis de structurer les réseaux karstiques en premier lieu avec une restitution des eaux souterraines en direction de cette position. Lorsque les vallées de la Jonte et du Tarnon se sont creusées, la structuration des réseaux karstiques était pour partie déjà acquise. La Jonte et le Tarnon sont venus capturer une partie du territoire lors de leur incision mais ne captent au final que très peu les eaux du causse. »

La seconde surprise concerne la taille des bassins d’alimentation en eau. Les résultats remettent en cause l’ hypothèse selon laquelle Castelbouc serait la plus grande source du causse. C’est en fait la source des Ardennes à La Malène avec une capacité de 87 km².


 

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Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc "De Serres en valats". Son grand angle est consacré aux principaux résultats de l'étude hydrogéologique réalisée sur le causse Méjean. Vous pouvez le télécharger sur notre site en cliquant sur ce lien.

 

 

Evènement !

Nous vous proposons une conférence (Florac le 10 mars 2022) et deux animations (Florac et Causse Méjean le 12 mars 2022) pour revenir sur les thèmes abordés par l'étude hydrogéologique du Causse Méjean et ses résultats.

Plus d'informations et inscription obligatoire sur ce lien