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Le Vautour fauve,une espèce emblématique du ciel des Grands Causses

Faune
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© Régis Descamps - PNC
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© Régis Descamps - PNC

 

Le Vautour fauve est l’une des 4 espèces de grands rapaces nécrophages présentes sur le territoire du Parc national. Disparu dans les années 1930/40, il a fait l’objet d’une réintroduction en 1981. Une première mondiale, qui n’a pu être possible que grâce au consentement des acteurs locaux et l’implication des éleveurs. Depuis, la population de Vautours fauve n’a cessé de croître avec en 2021, 816 couples nicheurs. Les actions de conservation menées sur les vautours localement par la LPO et le Parc sont reconnues en France et à l’étranger.

 

Le Vautour fauve fait actuellement partie intégrante des paysages des Causses et des activités agropastorales. Au néolithique, lors de l'avènement de l'agriculture, le bétail s’est substitué aux ongulés sauvages et les carcasses des animaux d'élevage constituent depuis plusieurs millénaires la principale ressource alimentaire des vau- tours en Europe. Un adage de la Rome antique disait déjà « Ubi pecora, ibi vultures », « là où il y a du bétail, il y a des vautours ».

 

Dans des conditions naturelles, cette ressource alimentaire constituée de carcasses d’ongulés sauvages ou domestiques, est aléatoire à la fois dans l’espace et dans le temps. Le Vautour fauve s'y est adapté, en étant capable de prospecter de grandes zones pour trouver sa nourriture et d'alterner périodes de jeûne (jusqu'à deux semaines) et forte consommation de viande (jusqu'à 1,3 kg en un seul repas). La LPO (Ligue pour le Protection des Oiseaux) et le Parc ont mis en place, dès le début du programme de réintroduction, une collecte d’équarrissage pour approvisionner un charnier, service alter- natif aux collectes classiques réalisées par les entreprises industrielles. Mais avec le retour des vautours, les éleveurs ont très tôt pris l’initiative de laisser les brebis mortes à l’attention des oiseaux, comme autrefois !

 

Ces pratiques individuelles de dépôt de cadavres d’animaux domestiques en milieu naturel sortant du cadre réglementaire et législatif de l’époque, des solutions ont dû être trouvées afin de les régulariser dans le respect des règles de protection de la santé publique. En effet, depuis le début du 20e siècle, pour des raisons sanitaires et de propagation de maladies, l’État prohibait tout dépôt de cadavres d’animaux domestiques dans la nature.

 

Un allié des éleveurs

 

« A partir de 1998 et grâce aux efforts conjoints de la LPO et du Parc, une nouvelle législation donne la possibilité aux éleveurs de créer des placettes d’alimentation au sein même de leur exploitation. Ces placettes leur permettent de pouvoir disposer d’un espace délimité pour déposer les carcasses d’animaux domestiques, ovins et caprins », explique Jocelyn Fonderflick, chargé de mission faune au Parc national. Les placettes individuelles d’équarrissage naturel ont favorisé le comportement exploratoire des vautours en rendant leur ressource alimentaire de nouveau aléatoire sur le territoire des Grands Causses, conforme à leur comportement naturel. De plus, ce système de placettes individuelles garantit un service d’équarrissage sans délais, à proximité de l’exploitation et à moindre coût pour les éleveurs. Un service gagnant/gagnant.

D’un point de vue sanitaire, les vautours sont un « cul de sac bactériologique » leurs sucs gastriques à pH très acide permet d’éliminer l’ensemble des micro-organismes pathogènes responsables des maladies dans les élevages et ainsi éviter la propagation de ces dernières. « De nombreuses exploitations agricoles ont souhaité obtenir leur placette individuelle. Il en existe actuellement 103 actives sur le territoire des Grands Causses ».

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100% des éleveurs enquêtés sont satisfaits du service d’équarrissage rendu par les vautours © B Descaves - PNC
 
Une étude sur la ressource alimentaire

 

Les vautours sont maintenant régulièrement aperçus au nord de la Lozère et dans le Massif central ce qui provoque l’inquiétude d’éleveurs peu habitués à leur présence. Selon certains dires, ils seraient à présent trop nombreux. Face à cette perception, un travail d’enquête réalisé en 2021 par le Parc a permis de quantifier précisément le tonnage et la saisonnalité des cadavres d’animaux domestiques déposés par les éleveurs des Grands Causses sur ces placettes. Grâce aux données collectées auprès de 56 éleveurs, il a été possible d’extrapoler les tonnages mensuels de la ressource alimentaire déposés par les éleveurs sur les 103 placettes. Si l’on soustrait les parties non consommables par le Vautour fauve (os, peau et toison), 157 tonnes de ressource alimentaire ont été mises à disposition des vautours en 2020 via le réseau d’équarrissage naturel des Grands Causses (132 tonnes pour les placettes et 25 t pour le charnier). Les besoins annuels théoriques pour nourrir la population de Vautour fauve des Grands Causses ont été estimés à 222 tonnes.

 

« De grandes variations saisonnières sont observables lorsque l'on compare les besoins alimentaires de la population de Vautour fauve et la ressource mise à disposition sur les placettes par les éleveurs. Durant la principale période d’agnelage, de février à avril, une importante ressource alimentaire est mise à disposition des vautours. Au contraire, pour les huit derniers mois de l’année, la ressource alimentaire déposée sur les placettes individuelles des Grands Causses ne satisfait pas les besoins théoriques de la population. Il semble évident que sur ces huit mois consécutifs, les vautours trouvent une part importante de leur alimentation en dehors des 103 placettes actives dans les Grands Causses ».

 

Le suivi des déplacements de quelques vautours équipés de GPS, lors de cette même étude, a permis de confirmer de nombreuses curées en dehors des placettes d’équarrissage. La majorité de ces curées concerne des cadavres d’animaux d’élevages et dans une moindre part, des cadavres d’animaux sauvages.

 

L’enquête réalisée auprès des 56 éleveurs a aussi mis en évidence que 100% des éleveurs sont satisfaits du service d’équarrissage naturel apporté par les vautours et que 42% ont une vision positive des vautours. Si la consolidation des populations de Vautour moine, Vautour percnoptère et du Gypaète barbu reste une priorité en terme de conservation, l’accroissement de la population de Vautour fauve n’est plus un objectif en soi. « Elle est suffisamment importante actuellement pour constituer une population viable. La ressource alimentaire disponible sur le territoire des Grands Causses est identifiée comme le facteur déterminant pouvant à moyen terme réguler naturellement cette population ».

 

Dans ce cadre, autoriser la création de placettes pour maîtriser et réguler les dépôts, associé à un contrôle renforcé des dépôts sauvages hors cadre réglementaire et sanitaire, est une priorité dans l’objectif de contenir l’accroissement de la population.

 

Carte d'identité

Nom latin : Gyps fulvus

Envergure : 2,40 à 2,70 m

Poids : 7 à 11 kg

Caractéristiques : Le Vautour fauve est adulte à l’âge de 4 ans et les couples sont fidèles. Le couple construit son nid dans une cavité rocheuse dans les falaises et un œuf est pondu en hiver. Il est le premier des 4 vautours à arriver sur les carcasses. Il en consomme les tissus mous (muscles et viscères). Espèce strictement charognarde, le Vautour fauve, n’est pas un prédateur. Contrairement à l’Aigle Royal, il n’est pas équipé de serres permettant d’attaquer des proies.

 

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Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc "De Serres en valats". Son grand angle est consacré aux principaux résultats de l'étude hydrogéologique réalisée sur le causse Méjean. Vous pouvez le télécharger sur notre site en cliquant sur ce lien.

 

Pour aller plus loin :