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Le renouveau de la pierre sèche

Patrimoines
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Le hameau de Vernet au cœur des vallées cévenoles © Olivier Prohin - PNC
 
Indéfectiblement liée aux paysages, la pierre sèche a le vent en poupe depuis plusieurs décennies. Depuis sa création, le Parc national œuvre pour sa préservation et sa valorisation. Sur le terrain, des associations s’activent afin de faire revivre des hameaux à l’image de l’association Lou Valat qui organise des chantiers au printemps et à l’automne.
 

Abandonnée à la fin du XIXe siècle au profit du béton ou du mur cimenté, la pierre sèche connaît une nouvelle dynamique depuis plus d’une vingtaine d’années grâce à l’énergie des professionnels qui se sont structurés et au monde associatif composé de passionnés et de jeunes.

Leur travail a permis de faire (re) connaître la technique de construction, les savoir-faire qui y sont associés et de faire (re) découvrir ses multiples qualités. Qu’il soit en schiste, en granite, en calcaire ou complété avec d’autres roches selon les lieux (grés, gneiss, basalte), ce matériau naturel est accueillant pour la biodiversité.

 

Le gîte et le couvert pour la biodiversité

 

Les murs en pierre sèche sont de véritables corridors écologiques. Ils servent de refuge et de lieu de reproduction à tout un cortège d’espèces.

S’il est bien exposé, un mur accumule la chaleur du soleil durant la journée et la restitue durant la nuit. Ainsi les reptiles comme le Lézard vert et le Lézard des murailles apprécient de s’y réchauffer.

Au contraire, les batraciens comme les crapauds, grenouilles et salamandres préfèrent la fraîcheur et l’humidité du côté ombragé du mur. Il sert de refuge aux escargots, cloportes, araignées et autres limaces.

De nombreuses plantes dites saxicoles se développent dans ses interstices : des fougères, mousses, lichens, des plantes grasses comme le Nombril de Vénus ou la Joubarbe, des plantes rampantes à l’image de la Cymbalaire.

 

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Le Lézard des murailles apprécie la chaleur des murs © Régis Descamps

 

De nombreuses qualités

 

Par ailleurs, la qualité drainante des murs en pierre sèche permet de limiter l'impact des inondations, de l’érosion des sols, et ces ouvrages ont surtout l’avantage d’avoir une durée de vie très longue, certains pouvant avoir plus de 300 ans !

La construction en pierre sèche favorise l’économie circulaire et limite la production de déchets car la pierre peut être réutilisée. Leur construction est source d’emploi local et permet d’assurer la transmission des savoir-faire. Les ouvrages renforcent l’identité patrimoniale vivante des territoires et constituent un atout économique notamment pour le tourisme. C’est pour toutes ces raisons que depuis sa création en 1970, le Parc national des Cévennes œuvre pour la préservation de ce patrimoine bâti qui a modelé les paysages du territoire lui valant d’ailleurs une reconnaissance en 1985 par l’Unesco au titre des paysages de l’agropastoralisme méditerranéen.

L’établissement public a notamment été à l’origine de l’association Artisans Bâtisseurs en Pierres Sèches (ABPS) en 2002, qui par la suite a créé l’École nationale de la pierre sèche à Ventalon en Cévennes. Il subventionne également les habitants du cœur de Parc souhaitant rénover leurs toitures en lauze et des associations à l’image de Lou Valat.


 

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Réhabilitation des terrasses du hameau © Olivier Prohin - PNC

 

Lou Valat, une association cinquantenaire en cœur de Parc

 


Créée dans les années 70 par une poignée de passionnés, l’association Lou Valat, lauréate des Trophées du Parc en 2019, participe depuis 50 ans à la réhabilitation du hameau de Vernet, situé en cœur de Parc, dans les vallées schisteuses.

Munis de massettes, de martelines et de pelles, chaque année, les bénévoles venus de tout l’hexagone réitèrent une technique ancestrale qui consiste à assembler manuellement des pierres sans liant durant des stages qui se déroulent en avril et octobre, afin de donner un second souffle au hameau.

Après avoir restauré les maisons situées en bas du hameau, l’association s’est ensuite lancée dans la réhabilitation des murs et des terrasses en schiste avec le soutien financier du Parc national, du conseil départemental de la Lozère et de la Région, et plus récemment et exceptionnellement pour un mur particulièrement important, de la Fondation du Patrimoine.

Ces murs gardent une fonction essentielle, celle de soutenir des terrains exploitables dans une région accidentée, et de les protéger contre le ravinement provoqué lors de la survenue d’épisodes cévenols dont la fréquence devrait s’accroître avec le changement climatique.

Depuis 2013, un terrain d’environ 7 000m2 surplombant les maisons et acquis par l’association nécessite à son tour d’être remis en état. Le chantier est considérable et nécessite de la main d’œuvre afin de relever de nombreuses terrasses, reconstruire les escaliers, maîtriser les écoulements d’eau afin de transformer tous ces éboulis en paysages bâtis.

 

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© Olivier Prohin - PNC
 
L’association a besoin de bras !

Si vous souhaitez apporter votre pierre à l’édifice, les deux stages 2022 se dérouleront du 23 au 30 avril et du 22 au 29 octobre.

Ils se déroulent dans un esprit de partage et de convivialité. Ils sont encadrés par un professionnel formé par l’ABPS et chacun participe en fonction de ses capacités physiques propres.

Ces chantiers sont ouverts à toute personne souhaitant se former aux techniques de la pierre sèche.

Renseignements et informations : www.louvalat.fr/stages/ et louvalat@laposte.net