S'il affecte le climat mondial, le changement climatique affecte aussi celui du territoire du Parc. Il s'accélère, même depuis les années 80, et est d'autant plus visible en altitude.
© Olivier Prohin PNC
Le Parc national des Cévennes présente un climat fortement contrasté favorisant la richesse de sa biodiversité. Ce territoire de moyenne montagne s'étend sur cinq massifs bien distincts : les hauts plateaux calcaires entaillés de profondes gorges,les vallées et le piémont cévenols ainsi que les sommets du mont Lozère et du mont Aigoual.
Sur le territoire du Parc, le réchauffement climatique se fait ressentir depuis 60 ans de façon plus ou moins marquée selon les secteurs. Ainsi sur le second sommet du Parc, le mont Aigoual culminant à 1565 m, les températures ont augmenté de 2,3°C entre1960 et 2019. Parallèlement à cette hausse du mercure, le gel a fondu de 34 jours depuis 1959.
La Vialasse sur le mont Lozère © Guy Grégoire PNC
Sur le mont Lozère, à La Vialasse, à 1300 m d'altitude, le CNRS a installé une station météo sur la ligne de partage des eaux Atlantique – Méditerranée dans les années 1980.
Depuis 1985, chaque soir, Yves Pellequer relève les températures minimales, maximales, la pluviométrie,les orages, la neige...accumulant ainsi 37 carnets de notes. Ce coutelier, ancien militant écologiste et seul résident du hameau de La Vialasse à l’année, constate depuis son enfance de grands changements qu'il résume en une seule phrase.
«Les contrastes entre les périodes de sécheresse et les épisodes pluvieux sont plus violents». Et de citer pour exemple,l'épisode cévenol survenu le 12 juin dernier. «Une telle dépression avec 285 mm de pluie en moins de 30 heures et des vents à 150 km/h à cette saison, ce n'est absolument pas normal».
Depuis 35 ans, par tous les temps, Yves Pellequer réalise chaque jour les relevés météo © Natacha Maltaverne PNC
Par ailleurs, depuis qu'il effectue ses relevés, les 31°C à l'ombre ont été dépassés à trois reprises à 1300m en juillet ou en août. «Il y a 50 ans,la source de La Vialasse ne tarissait pas, mais maintenant elle ne coule plus à partir de la mi-juillet».
Le redoux en hiver accélèrent la fonte des neiges et limite la durée d'enneigement. «Cela fait trois ans que nous n'avons plus d'hiver. Mais je suis certain que nous connaîtrons à nouveau un hiver avec 2m40 de neige comme en 2010 où la route a été fermée pendant 124 jours. En 1986, j'ai dû creuser un tunnel pour sortir de ma maison...».
La hausse des températures printanières a pour conséquence une floraison plus précoce notamment des hêtres. «Mon grand-père disait toujours que les hêtres devaient mettre leurs feuilles au 1er mai, on l'observe maintenant au 15 avril, et au 15 août , ils sont grillés à cause de la sécheresse».