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La pierre sèche pour réinventer l’aménagement des espaces publics - Épisode 2 : le col de Montmirat

Paysages
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© Alicia Juge et Manon Diekmann
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© Alicia Juge - Le col de Montmirat
Le Parc participe au programme Laupabro qui vise (comme son prédécesseur Laubamac) à développer et consolider les filières artisanales de la pierre sèche et de la lauze à l’échelle du Massif central. 10 partenaires rassemblant des parcs naturels régionaux, une collectivité, l’École des Mines d’Alès et des associations comme les ABPS (Artisans Bâtisseurs en Pierre Sèche) portent des actions en ce sens. Celle portée par le Parc national à pour objectif de promouvoir l’utilisation contemporaine de la pierre sèche dans l’aménagement de l’espace public.
 

L’établissement public a recruté deux stagiaires paysagistes avec un objectif : comment réinventer l’aménagement de 3 cols du Parc en valorisant la pierre sèche ?

Alicia Juge et Manon Diekmann, toutes deux jeunes diplômées de l’École de la Nature et du Paysage de Blois ont donc travaillé durant trois mois sur des propositions d’aménagement de 3 cols : Le Perjuret, Montmirat et Jalcreste.

Portes d’entrée du territoire, ces cols pourraient être mieux mis en valeur.

 

 

EPISODE 2 : LE COL DE MONTMIRAT

 

 

DIAGNOSTIC ET ENJEUX

 

À la rencontre de 4 entités paysagères et géologiques diverses

Le col de Montmirat culmine à une altitude de 1042 m et relie les communes de Florac à Mende grâce à la N106.

Le Valdonnez est une large cuvette creusée dans le calcaire et les marnes. De nombreux villages installés en fond de vallée sont ceinturés par un remarquable paysage agricole bocager et de hauts versants boisés.

Le causse de Sauveterre, grand plateau ondulé, offre de vastes étendues de pelouses steppiques. Très pierreux, il accueille encore des traces de murets et des tas d’épierrage qui tendent à disparaître sous la friche.

La Cham des Bondons, forgée par la pratique de l’agro pastoralisme et l’exploitation des ressources du sous-sol (mines et carrières), conserve un caractère fortement anthropisé. De grandes parcelles agricoles (sur substrat calcaire) font l’objet d’une agriculture céréalière plus intensive.

Quant à la vallée du Bramont, elle offre un profil très encaissé. Sa descente rapide depuis le col de est alimentée par de nombreux ravins et gorges qui entaillent les schistes et granites des dernières pentes des Bondons.

 

A cheval sur deux communes avec la même problématique routière

Le col se trouve sur la commune de Saint-Etienne-du-Valdonnez et d’Ispagnac.

Pour accéder au col, la route N106 est préconisée. Cependant de nombreux locaux empruntent la route d’Ispagnac pour éviter les camions et pour, selon eux, gagner du temps. Ce trafic trop important entraine de nombreuses complications pour la commune, qui a du mal à sécuriser la traversée du village et à faire vivre le centre-bourg. L’enjeu est alors de rendre le col de Montmirat suffisamment attractif et agréable pour que les locaux utilisent la N106.

 

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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Axionométrie du col
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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Au carrefour de 4 entités géologiques différentes

 

Enjeu grand paysage

Sur le causse de Sauveterre, les paysages de pelouses steppiques, où l’élevage ovin est essentiellement dédié à la production laitière, connaissent actuellement un phénomène généralisé de reboisement spontané. Ces dynamiques naturelles sont notamment liées à la présence de grands boisements de résineux implantés sur le plateau et à l’abandon du pâturage extensif sur les anciens parcours de pelouse.

Pour le Valdonnez, la trame des haies bocagères semble se maintenir. Les arbres persistent, par ailleurs les parties basses des haies tendent à disparaître. La limite des boisements sur les pentes du Mont Lozère n’a globalement pas évolué.

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© Alicia Juge et Manon Diekmann

Une vie locale à l’année

Le col est un espace vivant tout au long de l’année. On trouve quelques éléments qui témoignent d’une installation humaine permanente et qui attestent d’une certaine dynamique sur le col.

On y retrouve : un restaurant, un ancien hôtel, un logement de l’état, des logements privés et un espace d’accueil pour cavalier et chevaux. La saisonnalité marque un rythme particulier sur le col.

La fréquentation touristique d’avril à fin septembre amène de nombreux randonneurs, cyclistes, cavaliers, motards et automobilistes à traverser le col. Tout au long de l’année, il est utilisé par des professionnels des transports et ainsi que des forestiers. Le col profite d’activité commerciales qui le rend dynamique, et qui offre alors une belle matière à projet.

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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Un col habité

 

Des usages liés aux déplacements

Le col est marqué par des flux routiers qui conditionnent la façon dont on appréhende le col. En effet, la RN106 quitte Florac, franchit le col pour rejoindre Mende et croise ainsi la départementale 35 et le GR 44. La ligne de bus Florac - Mende emprunte elle aussi la N106 et marque un arrêt sur le col. De nombreux camions empruntent cette nationale en direction de la méditerranée et de nombreux véhicules légers ainsi que des motos l’utilisent également. Le restaurant génère quant à lui de nombreuses arrivées et du stationnement de véhicules légers et de poids lourds.

Tous ces flux se rencontrent sur l’espace du col et sont plutôt doux, la vitesse y est raisonnable. Cependant, la sécurité n’y est pas assurée pour l’ensemble des usagers (marquage inexistant ou trop peu suffisant, un panneau à l’intention des piétons peu visible, pas d’indication sur la rencontre de différents usagers).

Les paysages de proximité sont grandioses mais peu d’ouvertures permettent de les admirer. La présence de résineux obstrue les vues vers le Valdonnez.

Depuis le grand parking de l’hôtel, une vue splendide vers la vallée du Bramont n’est pas visible, cachée par des feuillus et des conifères.

 

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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Arrivée sur le col depuis la Cham des Bondons
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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Parking de l'hôtel
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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Vue depuis la N106 en provenance de Florac
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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Parking de l'hôtel
 
LE PROJET DE PAYSAGE

 

Faire ralentir avant l'arrivée sur le col et aider à traverser

Un des enjeux forts de l’aménagement du col de Montmirat serait de faciliter le déplacement piéton au débouché du GR et des commerces du col.

Avec les flux à venir entre le restaurant et l’hôtel nouvellement rachetés, les déplacements sur le col vont augmenter et l’inconfort des piétons va s’accentuer.

Le projet se structurerait autour d’une place centrale qui accueillerait de nouveaux cheminements, intègrerait la départementale et de nouveaux espèces de stationnement.

La traversée de la N106 par les randonneurs se ferait désormais en amont du virage pour une meilleure visibilité. Pour cela, faire ralentir avant l’arrivée sur le col de Montmirat et aider à traverser le tracé du GR serait revu pour arriver en bas de l’hôtel. Des bandes d’enrobé seraient aussi créées au sol en suivant un rythme progressif. En effet, plus elles seraient proches du sommet, plus elles seraient disposées de manière serrée afin de donner un effet de vitesse aux automobilistes.

 

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© Alicia Juge et Manon Diekmann
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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Marquage enrobé coloré et nouvelle débouchée GR 44

 

Donner à voir le paysage et rendre agréable les zones de stationnement

Dans la continuité de l’action des bandes de ralentissement destinées aux automobilistes, une déformation de la N106 serait amorcée en face de l’hôtel. Un terre-plein central permettrait aux piétons de traverser la national en deux temps. La marche serait poursuivie sur une passerelle motivant les marcheurs à s’éloigner du virage. Cette dernière permettrait aux piétons de se décaler de la voie et de profiter d’une vue sur la vallée du Bramont.

Par la suite, les piétons seraient dirigés vers un espace conjuguant espaces de détente et espaces de stationnement. Le parking central accueillerait des places de stationnement pour les camions et les véhicules légers. Des espaces ombragés seraient implantés pour plus de confort. On pourrait y trouver une fontaine, du mobilier pour s’asseoir et manger.

Les places de stationnement étant condensées et organisées, l’espace libéré devant l’hôtel et le restaurant serait converti en jardin-terrasse. Quelques places à côté de l’auberge seraient cependant conservées pour les clients ainsi qu’un espace de livraison.

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© Alicia Juge et Manon Diekmann - Propositions d'aménagement

 

Un muret de délimitation et marquage des places

Un muret pierre sèche calcaire accompagné d’une pierre pour la butée permettrait le stationnement des véhicules en épi. Des lauzes de schistes seraient enfoncées dans le sol et imbriquées les unes aux autres pour permettre la délimitation des places ainsi que l’infiltration de l’eau.

 

La passerelle en bois

La passerelle serait fixée directement sur le mur maçonné et permettrait aux visiteurs de tous les âges de circuler en sécurité du GR/hôtel jusqu’au restaurant.

 

Un parking ombragé et un espace de repos

La coupe montre la proportion entre espaces dédiés aux stationnements (route et place) et les espaces ombragés dédiés à la halte et à la détente. L’emprise de la route serait réduite, l’espace public appropriable pour la halte serait quant à lui agrandi.

 

 

 

 

 

 

Conclusion

Grâce à ce projet chaque espace aurait une fonction bien définie. Les espaces adjacent à l’hôtel et au restaurant permettraient une transition douce avec les espaces routiers.

Le col serait traité comme une place avec des espaces de circulation piétonne et des espaces de halte pour profiter des vues.

Le col de Montmirat deviendrait une entrée du Parc national des Cévennes.

 

Textes - photos et illustrations : Alicia Juge et Manon Diekmann

Episode précédent : le col de Perjuret

Prochain épisode : le col de Jalcreste