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A la découverte de la flore du Parc – Episode 4 : lac des Pises

Flore
Partez à la découverte de la flore du Parc avec notre garde moniteur Emeric Sulmont !
Le printemps arrive à grand pas et ces observations réalisées l’année dernière vous permettront d’être prêts pour ce moment tant attendu par les botanistes amateurs ou éclairés !
L’occasion de découvrir des espèces remarquables, rares ou indicatrices à observer avec passion et bienveillance.
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Lac des Pises © KARCZEWSKI Gaël PNC

[Lac des Pises, plateau du Lingas (Dourbies, 30) observations réalisées le 9 juillet 2020 avec l’équipe des agents du PNC du massif de l’Aigoual]

En prévision de travaux importants prévus sur la retenue du Lac des Pises, il s’agissait ici de faire le point sur les enjeux botaniques en périphérie immédiate du lac.

Nous en effectuons le tour aidés d’une carte inventoriant la plupart des enjeux botaniques.

Sur la rive sud occupée par une pelouse « écorchée » à Fétuque châtain (ou paniculée), nous trouvons quelques rosettes d’Arnica, de Pied de chat (Antenneria dioica), de chicorée des moutons (Arnoseris minima) et de Campanula recta (= linifolia).

 

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Chicorée des moutons (Arnoseris minima) © Emeric Sulmont PNC

 

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Pied de chat (Antenneria dioica) © Emeric Sulmont PNC

 

Une ancienne zone d’emprise d’arène granitique qui date de la construction du barrage est aujourd’hui occupée par une pelouse plus dense et nitrophile, sans doute influencée par le stationnement régulier du troupeau d’ovins.

Nous poursuivons jusqu’à un petit chaos rocheux qui abrite quelques rosettes de Tulipe australe, une plante spectaculaire mais assez fréquente voire abondante sur l’Aigoual comme sur le Mont Lozère (rare ailleurs).

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Tulipe australe © Emeric Sulmont PNC

 

En contrebas une zone de joncs s’étend jusqu’au bord du lac, on y cherche sans succès le Jonc filiforme (signalé dans notre base de données).

On y observe toutefois l’Achillée sternutatoire (Achillea ptarmica subsp pyrenaica), la Gentiane pneumonanthe, Callitriche hamulata, Lythrum portula, Eleocharis palustris, Juncus acutiflorus, Juncus subnodulosus et Juncus effusus.

En explorant plus attentivement les rives du ruisseau nous retrouvons Trifolium spadiceum déjà observé par Nicolas et Cyril en 2019.

Callitriche hamulata, Juncus acutiflorus et Achillea ptarmica subsp pyrenaica

La rive gauche du lac nous permet d’observer aussi Pedicularis sylvatica et quelques rosettes de Drosera.

Il ne nous est pas possible non plus de retrouver Illecebrum verticillatum, probablement présent sur les rives exondées du lac en fin d’été, nous l’observerons un peu plus tard en cours d’après-midi sur un bord de piste en aval du lac avec la Paronyche à feuilles de serpolet (Paronychia serpyllifolia).

 

 

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Illecebrum verticillatum © Emeric Sulmont PNC

 

Paronychia serpyllifolia © Emeric Sulmont PNC

 

Nous terminons le tour en traversant la pointe nord du lac.

Il s’agit d’une tourbière boisée en partie par des saules et une plantation de résineux, c’est l’habitat idéal pour rechercher Listera cordata (connue quelques centaines de mètres en amont) et la mousse fantôme (Cryptothallus = Aneura mirabilis).

Cependant, après plusieurs touffes de sphaignes délicatement soulevées, nous remettons à plus tard la découverte de cette curieuse hépatique sans chlorophylle qui parasite un champignon mycorhizien d’arbres poussant en milieu humide (un cas unique dans le monde des mousses).

A noter que cette tourbière abrite au total 8 espèces de sphaignes (Sphagnum capillifolium, S. palustre, S. papillosum, S. teres, S. quinquefarium, S. inundatum, S. subnitens, S. auriculatum) ce qui est remarquable pour le massif de l’Aigoual qui en compte 18.

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Sphagnum capillifolium © Emeric Sulmont PNC

 

Les derniers mètres du sentier avant d’arriver au barrage, nous permettent d’observer une résédacée typique des arènes granitiques : Sesamoides pygmaea.

Notons parmi les espèces remarquables qui restent encore à retrouver : Linaria arvensis citée du bord du sentier sur la rive sud du lac. Il s’agit d’une espèce des pelouses d’annuelles sur silice très rarement observée dans le Parc. Il faut prendre en compte le caractère très variable des populations des stations d’espèces annuelles, elles peuvent varier d’un facteur mille d’une année à l’autre selon la météo de l’année précédente et du printemps. Le plus souvent, comme dans les déserts, les cortèges d’annuelles s’expriment de manière luxuriante après un épisode de sècheresse suivi d’un printemps régulièrement arrosé.

 

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Sesamoides pygmaea.© Emeric Sulmont PNC

 

Nous terminons la journée par une recherche infructueuse du Lycopode en massue (Lycopodium clavatum) connu de 2 stations en aval du barrage des Pises. Il faut signaler le caractère plutôt inconstant des stations de ce rare lycopode. Sa présence même non confirmée doit d’ailleurs inciter à préserver au maximum (notamment de la circulation des engins ou d’une ouverture brutale de la strate arborée) les boisements résineux très acidiphiles avec un cortège de mousses humicoles abondant et diversifié, en général, comme ici, dans des ambiances de combes froides et confinées.

 

J’espère que vous avez apprécié cette petite balade botaniste.

Au Parc, nous sommes convaincus que c’est en transmettant nos observations et nos découvertes que nous pourrons apprécier ensemble l’extraordinaire biodiversité du territoire. Alors surtout, n’oubliez pas, ces trésors sont fragiles et il est de notre responsabilité à tous de les protéger pour qu’ils puissent continuer à nous émerveiller !