Partager

Coup dur : Aire de côte n’ouvrira pas en 2024

aire cote
Le gîte avant rénovation © Guy Grégoire - Parc national des Cévennes

 

Au vu des dernières informations reçues sur la disponibilité de la ressource en eau, l’établissement est contraint de reporter la réouverture du gîte Aire de Côte situé sur l’Aigoual.

Un choix difficile à prendre au vu de l’importance de ce gîte pour la région mais contraint car nous y sommes confrontés plus rapidement que prévu.

 

Le changement climatique est déjà là

Jusqu’à sa fermeture en 2021, le gîte fonctionnait avec des approvisionnements en eau sur la source du Pouset qui passe à proximité.

Depuis de nombreuses années, avec les sécheresses à répétition, cette source s’amenuise (comme l’ensemble des cours d’eau). Le Parc a donc mené une étude approfondie pour suivre et évaluer la disponibilité de la ressource en eau et rechercher différentes solutions d’approvisionnement pour permettre le bon fonctionnement du gîte.

 

jonte
Les effets du changement climatique sont déjà visibles. Au sommet de l'Aigoual par exemple, le premier semestre 2022 a été le plus chaud depuis le début des mesures en 1896. Il a dépassé la moyenne du XXème siècle de plus de 3°C © La Jonte aux sources de l'Aigoual - Yannick Manche - Parc national des Cévennes

 

Les résultats sont alarmants : le cours d’eau a un débit qui ne permet pas de répondre aux besoins évalués à 5m3/jour pour 45 personnes surtout en période estivale car aucun prélèvement ne sera possible au vu des débits mesurés depuis 3 ans.  Au vu de ces difficultés, il a été décidé de procéder à un forage réalisé au mois de décembre qui pouvait potentiellement donner accès à une ressource alternative. Or les débits obtenus par ce forage sont très faibles du fait de la présence d’argile dans les failles du schiste. Ce forage s’avère donc dans l'incapacité de fournir ce qui pouvait être attendu dans un scénario optimiste.

Même si dans les différents scénarios prospectifs, les économies d’eau sont prises en compte depuis le début du projet (récupération des eaux de pluie permettant d’alimenter les WC, double réseau d’eau… jusqu’aux diffuseurs économes en eau pour les pommeaux de douche), ces résultats montrent que cela ne suffira pas durant juillet et août qui représentent à la fois les 2 mois les plus critiques pour les débits des cours d’eau ainsi que la période susceptible d'accueillir le plus grand nombre de visiteurs.

D'autant que les spécialistes s’accordent à dire que l’on pourrait assister à une baisse des débits annuels des cours d’eau comprise entre 20% et 40% d’ici 2050 ainsi qu'à des étiages plus précoces, plus sévères et plus longs.

aire cote
Situé sur une draille empruntée depuis des siècles, ancienne maison forestière, haut lieu de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale devenu maison de berger dans les années 50, Aire de Côte est devenu un au fil des années un gîte incontournable pour tous les amoureux de la région. © Belvédère d'Aire de Côte - Eddie Balaye - Parc national des Cévennes

 

Un coup dur

Cette nouvelle est un coup dur pour l’ensemble des prestataires touristiques pour qui le gîte est un point important de passage sur de nombreuses itinérances mais également pour tous les randonneurs et amoureux de ce site emblématique tout comme pour les agents du Parc qui travaillent depuis 3 ans maintenant sur ce projet.

Situé au carrefour de sentiers de grande randonnée comme le GR6 ou le GR7 et de boucles mythiques comme les 4 000 marches, la présence d'Aire de Côte est un enjeu majeur pour le mont Aigoual. C’est la raison pour laquelle l'établissement a construit un projet ambitieux et éco-responsable avec de nombreuses améliorations, et que tout a été mis en œuvre pour que le gîte ouvre au plus vite.

Au-delà des améliorations prévues en termes de confort et d’accueil, l’optimisation énergétique globale, de la consommation d’eau et de l'éclairage pour en faire un modèle d'écotourisme faisaient également partie des objectifs majeurs fixés pour les travaux.

 

observatoire
Le gîte est situé à 2km de l’observatoire du mont Aigoual, où le Climatographe, centre d'interprétation au changement climatique, a été inauguré en 2023 © Olivier Prohin - Parc national des Cévennes


Et maintenant ?

L'établissement expertise les différentes solutions possibles pour ce cas pratique préfigurant ce qui pourrait arriver rapifement sur le territoire à grande échelle : comment concilier activités touristiques et baisse de la ressource en eau ? 

Les agents du Parc national des Cévennes et leurs partenaires sont déterminés à trouver des solutions pour aller encore plus loin dans l'exemplarité, en espérant pouvoir faire de cette situation une force et pourquoi pas devenir une référence dans la gestion des ressources naturelles. Des contacts sont en cours avec des refuges alpins et des sites touristiques qui font face à des situations similaires pour construire un nouveau modèle économique qui prendra en compte l’ampleur de ce défi.

En 2024, comme l’année précédente, il sera possible de bivouaquer sur place avec un emplacement pour des tentes, un point d’eau ainsi que des toilettes sèches. Si vous souhaitez dormir en gîte, des étapes alternatives sont possibles pour le GR®6, GR®67, GR®66 et GR®7, en utilisant au maximum d’autres GR® et hébergements en place. Le document pdf à télécharger ici présente une carte ainsi que ces alternatives.

 

bivouac

 

Le Parc s’engage depuis de nombreuses années sur les questions de changement climatique. Des cahiers climatiques ont été réalisés en 2020. Une étude hydrogéologique sur les ressources en eau du Causse Méjean a été finalisée en 2021 et un projet similaire est à l’étude sur le mont Lozère. La démarche Naturadapt’ a permis d’évoquer ces enjeux et esquisser des solutions avec tous les acteurs du territoire.

Ce cas pratique doit servir pour trouver collectivement des solutions pour l’avenir. L'établissement souhaite documenter ce cheminement qui permettra de trouver un modèle durable permettant de concilier tourisme et changement climatique.Cette expérience doit être utile pour tout un secteur préoccupé par ces enjeux qui ne sont plus à conjuguer au futur.

 

Pour aller plus loin :