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Vadrouïlle : carnets de route. Episode 3 : Mars - Juillet 2021

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Pendant près d'un an, au fil des saisons, Lorine Carton-Amor et Sami Tedeschi du Collectif lundi soir sont allés à la rencontre des habitants et des trésors du Mont Lozère pour réaliser des créations sonores.

 

Le résultat ? Vadrouïlle, un projet d’œuvres sonores autour de 7 points d’écoute implantés de part et d’autre du Mont-Lozère à la croisée du GR7 et du Stevenson.

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Vadrouïlle revient sur le mont Lozère !
Pour fêter ça, nous vous proposons de découvrir les carnets de route qu'ils ont écrits au moment de la réalisation de leurs créations sonores.
L'occasion de s'immerger dans leur processus créatif et de découvrir ce magnifique projet audio de l'intérieur.

 

Episode 3 : Mars - Juillet 2021

 

Voici le troisième bilan qui clôt les aventures de Vadrouïlle en Lozère. Nous relatons la période du printemps-été entre mars et juillet 2021.

 

Les créations se terminent

 

La période de l’éveil du printemps voit la fin des tournages. Nous enregistrons plusieurs éléments propres à cette saison pour nourrir différentes réalisations : les écobuages, les oiseaux qui se réveillent au début du mois d’avril, le Tarn qui s’agite à nouveau, le vent qui fait fondre la neige et se fait plus doux.

 

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Chez Isabelle, l’éleveuse de brebis, c’est la période de la tonte. Plusieurs journées riches en émotion où Sami s’est même essayé au difficile travail d’attrapeur - celui-ci a le rôle d’attraper les brebis pour que le tondeur puisse les tondre - tandis que Lorine enregistre les conversations des uns et des autres.

Petit à petit, les créations se terminent. Les ateliers avec les enfants du Pont-de-Montvert touchent également à leur fin, après des rencontres très enrichissantes avec les aînés ruraux de la commune.

Ça prend tellement de sens quand on partage des souvenirs sur des lieux que l’on a en commun, des choses que les enfants ne connaissent pas forcément alors qu’il y passe tous les jours. ” Amélie, institutrice au Pont de Montvert.

 

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D’autres créations, plus complexes, ont mis du temps à éclore. Elles se concrétisent vraiment en cette période. Celle sur le loup, notamment, nous a donné du fil à retordre. Nous avons gardé sa réalisation pour le printemps.

Après plusieurs rendez-vous avec différents acteurs du territoire qui travaillent sur cette question, nous trouvons enfin l’angle qui nous paraît convenir pour aborder le sujet. Après de longues discussions, nous décidons de laisser de côté la création sur la résistance. Le calendrier nous paraît en effet trop serré au regard de l’exigence que l’on s’est fixée pour aller au bout de toutes les histoires racontées.

Et voilà une bonne excuse pour revenir en Lozère !

 

Un projet qui prend forme

 

Après la période de fin de tournage suit un temps hybride assez particulier pour nous :

D’un côté, nous devons finir les créations à proprement parler par un travail de montage - mixage très important.

En parallèle, de nombreuses tâches logistiques sont à assurer pour que le projet, tel que pensé au départ dans ses moindres détails, soit fidèle à ce que l’on avait imaginé.

Heureusement, certaines créations étaient déjà quasi montées en amont, ce qui nous permet d’échelonner celles qui restent.

Le travail de montage en documentaire est très particulier : il redéfinit parfois complètement le propos d’une création, sa forme ou son parti pris. Des choix très forts sont faits et une nouvelle écriture sonore se créée. Gérer ce temps particulier en même temps que tout l’à côté nous demande une méthodologie très rigoureuse pour ne pas perdre le fil. Complexe… et enrichissant !

Travailler à trois afin de se répartir les tâches et avoir des oreilles neuves pour écouter les différentes versions de montage est très précieux. Certains amis sur place ou plus lointains nous prêtent aussi des écoutes attentives afin de nous donner leur avis sur les choix d’écriture au montage que nous faisons.

En mai, nous menons de front plusieurs chantiers en plus de celui-ci, accompagnés de relais externes qui finalisent Vadrouïlle avec nous. Nous travaillons avec Jacques, le développeur web, pour créer plusieurs versions de l’application. Charles, le graphiste, met en forme le livret qui viendra guider les marcheurs qui emprunteront un kit d’écoute dans les Offices du tourisme partenaires. Lonan, et son acolyte Bastien des Rangeurs de pierres, finalisent les gravures de la plupart des blocs de granit. Juliette du Parc nous aide à penser la logistique de prêt des casques et MP3 pour l’été à venir et nous prête main forte dès que nous en avons besoin.

De formidables appuis pour que le projet Vadrouïlle se concrétise complètement !

 

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Quelque chose se passe.

 

Après plusieurs essais, le montage des créations se finalise enfin et les dernières versions sont validées. Une sensation étrange s’empare de nous : Nous les connaissons par cœur et pourtant. Après des dizaines et des dizaines d'écoutes, comme si c’était la première fois, elles nous font rire, nous surprennent et nous émeuvent. Quelque chose se passe. Cela nous fait intimement nous dire que c’est la fin, que ces objets sonores en soi, ne nous appartiennent peut-être déjà plus complètement.

De petites choses s'ajoutent chaque jour dans l’à côté de l’organisation. Une course contre la montre s’engage. Malgré des périodes de grand stress, nous arrivons tout de même à être sereins. On se rassure, le plus important est fait. Nous courrons à la ressourcerie à Mende afin de récupérer des coussins, des meubles, des chaises. Nous empruntons des chaises longues au Près Haut à Saint Chély pour créer un espace de salon d’écoute lors des différentes restitutions.

Nous enchaînons également les rendez-vous avec la joyeuse équipe de Radio Bartas pour finaliser les discours de juillet. Ils sont partenaires du projet depuis le départ et nous accompagnent particulièrement pour cette soirée en animant et diffusant en direct le déroulé de l'évènement.

 

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C'est la dernière ligne droite de Vadrouïlle.

En allant placer les pierres sur les chemins avec Lonan et Bastien, on s’en rend compte. Voilà, c’est l’été. Le temps a filé à toute vitesse et nous y sommes.

 

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Vadrouïlle, écrit et imaginé sur papier il y a un an et demi, juste avant la drôle de période du COVID, se concrétise sous nos yeux. Les pierres sont là et nous n’aurions pas pu imaginer mieux. Nous sommes comme des architectes qui travaillent sur des plans de papiers et voient s’ériger un beau jour l’édifice qu’ils avaient dans leurs imaginations les plus folles.

Avant de présenter le projet au grand public, il nous reste un dernier rendez-vous à honorer en cette fin juin. Et pas des moindres…

 

Restitutions

 

Fête de l’école

Après une année à sonder le Tarn, à l'ausculter et à essayer d'en saisir son importance avec les élèves de l’école du Pont-de-Montvert, il est temps de montrer le résultat.

Tous les parents et autres copains et copines de l’école sont au rendez-vous. Nous sommes le samedi 25 juin, sur les hauteurs du Pont-de-Montvert et devant un public curieux, les enfants ont préparé un petit texte. C’est eux qui ont enregistré la majorité des sons de cette création, c’est donc à eux que revient la présentation du projet. Timides mais fièrs, c’est avec enthousiasme qu’ils se prêtent à l’exercice. Amélie, l’institutrice, est émue, les enfants aussi et nous n’en menons pas large non plus. Les rires fusent pendant l’écoute, les parents sont intrigués, les anciens, qui reconnaissent leur voix, amusés. Plusieurs adultes viennent nous voir près du buffet qui marque la fin de la période scolaire pour nous remercier du travail partagé avec leurs enfants cette année.

 

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Premiers pas partagés

Lors d’une marche collective le 1er juillet, nous présentons Vadrouïlle aux différents partenaires du projet : L’IPAMAC, le Parc national des Cévennes, les Offices du Tourisme, la Malle Postale, Radio Bartas…

Pour pouvoir parler et faire vivre ce projet rien de mieux que de l’expérimenter en grandeur nature. Cela nous tient particulièrement à cœur. C’est un projet qui vivra en grande partie grâce au bouche à oreilles et à l’enthousiasme de celles et ceux qui ont écouté un petit bout de ces histoires et qui à leur tour les recommanderont.

 

Ca y est, Vadrouïlle ne nous appartient plus

Ensemble, sous un radieux soleil, nous faisons pour la première fois la marche entre le Bleymard et le Pont-de-Montvert, en s’arrêtant devant chaque pierre pour écouter les créations, non sans une grande émotion : ça y est, Vadrouïlle ne nous appartient plus.

 

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Ecoutes collectives

Après cette première écoute confidentielle, il est désormais temps de présenter Vadrouïlle à un public plus large.

La première écoute collective a lieu le samedi 3 juillet à Paris, dans le cadre du festival de documentaires Les Yeux Ouverts, créé et organisé par notre collectif, Lundi Soir. L’écoute s’est faite au casque et s’est déroulée sur la terrasse du couvent Reille. Ce qui nous a le plus marqué dans les retours qui nous ont été fait après : des gens qui ne connaissaient pas du tout la Lozère ont eu l’impression d’y être plongés, alors même que nous étions en plein cœur du XIVe arrondissement !

 

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A peine remis de ces émotions franciliennes, nous rentrons en Lozère pour préparer la sortie de résidence officielle. Celle-ci a lieu le 10 juillet à 18h dans les jardins du Temple du Pont de Montvert. Un très bel endroit pour accueillir la première sur le territoire. Le matin, entre trac et excitation, nous commençons la préparation de l’espace. Des amis venus des 4 coins du pays (et même d'un peu plus loin !), viennent nous prêter main forte. Les membres de Radio Bartas sont aussi présents. Ils diffuseront la soirée en direct sur leurs ondes.

Vers 18h, les premiers spectateurs prennent place dans l’enceinte. Les jardins se garnissent rapidement. Certains personnages des créations sont venus sur leur 31. Tous les gens qui nous ont aidé de prêt ou de loin sont là. Nos proches aussi. C’est le plus important pour nous.

Une heure plus tard, la centaine d’assise que compte le lieu a trouvé preneur. Beaucoup de locaux ont fait le déplacement. L’idée de ces séances d’écoutes était également de partager Vadrouïlle hors circuit touristique. Pari gagné ! La diffusion commence après une brève introduction de Mr Maurin, maire du village, de Juliette du Parc et de nous même. Aux platines, Radio Bartas veille.

L’entracte de 45 minutes offre une pause bienvenue pour que l’écoute reste attentive tout au long de la soirée. Elle permet également un temps d’échange informel autour d’un verre.

L’écoute reprend puis c’est le temps des questions. Les réactions sont positives. Ouf. Pourtant c’était un pari de proposer une heure et demi d’écoute en plein été. Se concentrer et écouter durant tout ce temps est un exercice exigeant.

 

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Lors de l’échange, nous revenons sur les prémices de la résidence et la rencontre avec les différents personnages. Dans l'assistance, les gens sourient lorsque nous évoquons notre installation dans le coin. La soirée se prolonge tardivement autour d’un buffet.

Le mois de juillet est ponctué par de nombreuses séances d’écoute dans des lieux qui nous sont chers auprès de gens qui ont été important pour le projet : chez Marc et Sophie à Saint Laurent de Trèves, chez Evelyne sur le Mont Lozère, au Labo au Mas Méjean chez Cyril et Cécile et à la Genette verte devant tous nos amis de Florac.

Faire vivre le projet sur le territoire durant l’été était pour nous primordial.

 

 

Epilogue

 

Vadrouïlle a été une aventure riche en émotion, en rencontres, en partage que l’on oubliera pas de sitôt ! Vadrouïlle vivra encore cet hiver lors de séances d’écoutes et à partir du printemps prochain sur les chemins de randonnées.

Que ces histoires s’écoutent encore et surtout donnent envie aux gens de s’écouter les uns les autres, de créer du lien et de se parler.

 

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De notre côté nous allons continuer à enregistrer de drôles d’histoires sur d’autres territoires, à vadrouïller avec nos micros. Mais nous resterons toujours un peu lozériens, habités par le Mont Lozère et le regard de celles et ceux qui y habitent. Nous les remercions ici.

 

 

Remerciements

 

Ce projet n’aurait jamais existé sans tous les gens qui nous ont aidé, épaulé, soutenu et accompagné durant cette folle année.

Nous tenions à les citer ici et les remercier (en s’excusant d’avance pour celles et ceux qu’on a laissé dans les limbes de notre mémoire trop encombrée mais qu’on remercie également)

Aux amis de Marseille, Paris et d’ailleurs, Chantal, Dan, Eugénie, Giulia, Irène, Ferdinand, Jojo et la coloc de Lasalle, Julie, Juliette C, Lan Anh, Lila, Lola, Lucas-Sélim, Lucie, Manuela, Marie F, Nico de Monobloc, Olivier, Paul M, Paul et ses grenouilles, Safia, Salomé, Theo T, Timothée, Tiphaine, Valou, Xav, le collectif Clippertone, tous les copains copines de Lundi Soir et à toutes celles et ceux qui ont permis que ce projet soit plus qu’un écrit, plus qu’un point de départ, à leurs oreilles attentives et leur soutien (et parfois leur aide logistique !)

Aux amis ici qui nous ont accueilli et on fait de la Lozère notre seconde maison. Sans elleux cette drôle d’année n’aurait pas eu la même valeur et ce projet n’aurait jamais existé. Aux partenaires sur le terrain aussi, formidable relais pour que ce projet vive. A celles et ceux, enfin, qui nous ont prêté leur voix et un bout de leur vie pour qu’on les accompagne quelque temps avec nos micros étranges.

 

Amélie, Aurélie et tous les enfants Alice Aliosha Antonin Basile Cassandra Chloé Clémence Dimitar Elisa Eloïse Enzo Ethan Iman Jeanne Louise Lucas Lucien Léa Léonie Manoé Marius Nicolas Romane Sayfoullah Thomas et Tony, Alain P, Adri, Arthur, Aurel, Axelle, Barbara, Bastien, Brice, Bruno, Charlie, Christian, Clara, Clems, Corinne, Cyril et Cécile, Cécile et Franck, Damien, Dédé, Dimitri, Eddie, Elise et Charles, Eric, Florence B, Florian, Manon et les scènes croisées, Gaspard, Greg, Herminie, Hugues, Isa, Jazz, Jean-Marc et tous les ainés ruraux, Jeff, Joel, Evelyne et Pierre, Joyce, Julien, Julo, Justine, Kalu, Katie et Laurent, la colloc de Molines, la joyeuse équipe du Rudeboy, le collectif FS, Laurianne, Lou, Loreleï, Léa, L’équipe de Sonatura, Maëlle, Manon D, Manon H, Marc N, Margot, Marie A, Marion C, Meição, Michel, Mojo, Nicolas, Nicole, Olivier, Philibert ,Pascal, Pauline R, Philippe L, Pierre G, Pierre, Pierre et Anna Chappelle, Pierre-Yves, Pierrot, Robin, Serge, Sophie, Steph, Stephan, Stephane M, Sébastien, Théo, Théo D, Vero, Ben et Corto, Yannick. Les équipe des Offices du Tourisme du Bleymard, du Pont de Montvert, l’équipe de la Recup à Mende, La malle Postale, Les joyeux lurons de la Pompe et ceux des Volets Rouges et à tous les amis que nous n’avons pas nommé ici mais qui ont rempli cette folle année lozérienne.

 

A la fine équipe de Vadrouïlleurs enfin, dont l'exigence, la rigueur, la patience et l’amitié ont porté ce projet du début à la fin :

Valentin, évidemment,

Ferdi, Charles, et celles et ceux qui en cours de route nous ont apporté leur savoir faire et leur écoute : Lonan, Jacques, Edwige,

et particulièrement à Juliette.

 

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Retrouvez

 

Le projet Vadrouïlle

 

Vadrouïlle est un projet d’œuvres sonores autour de 7 points d’écoute implantés de part et d’autre du Mont-Lozère à la croisée du GR7 et du Stevenson.

Loin des audio-guides classiques, le son devient vecteur de sensible et d’imaginaire, vers une traversée sensorielle du visible à l’invisible pour rendre audibles les richesses du territoire.

Que vous soyez un grand connaisseur du Mont-Lozère ou simplement un visiteur de passage, retrouvez toutes les informations utiles pour vivre l'expérience Vadrouïlle :

Vadrouïlle : 7 créations sonores pour découvrir le Mont-Lozère autrement !