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Réintroduction du gypaète barbu dans les Grands Causses - Chronique n° 7

Faune
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Couple de gypaètes élevant une des deux femelles lâchées en mai 2016 © Isabelle Malafosse PNC
De l'élevage à la vie sauvage...

Cayla et Aigoual, jeunes femelles gypaètes lâchées au printemps dans les Grands Causses, sont nées en captivité, comme les 12 autres oiseaux réintroduits en 2016 en Baronnies, Corse, Andalousie, Suisse et Autriche.

Vu la fragilité du gypaète barbu en Europe, il n’a pas été envisagé de capturer des jeunes en nature pour les relâcher ailleurs ! Des centres d’élevage spécifiques et des zoos répondent aux besoins des programmes de réintroduction. Ce réseau, coordonné par un vétérinaire expert, est piloté par la Fondation pour la Conservation des Vautours (VCF).

Un centre se trouve en France, les cinq autres en Espagne, Suisse, Autriche et Pays-Bas. La trentaine de zoos associés est répartie en Europe : Kazakhstan, Finlande, France… Ainsi, 5 gypaètes des Grands Causses sont nés à Guadalentin (Espagne), 2 autres en République tchèque (zoos d’Ostrava et de Liberec), 2  viennent du centre d’Aringsee, en Autriche, et 1 du zoo BerlinTierpark Friedrichsfelde (Allemagne).

Parents pour la cause

Les 35 couples reproducteurs en captivité sont issus d’oiseaux blessés, récupérés et soignés, mais inaptes au retour à la nature, ou d’oiseaux nés, eux-mêmes, en captivité. Leurs volières sont équipées de caméras pour les surveiller discrètement. Un couple élèvera l’un des deux œufs pondus par la femelle, ou un œuf adopté, récupéré auprès d’un autre couple, même issu d’un autre centre.

Chaque année, selon l’origine génétique, la date de naissance et le sexe, les poussins sont  répartis entre les programmes de lâcher, assurant un brassage et une adaptation aux conditions locales, pour la meilleure date de lâcher. Le lâcher en 2016 a eu lieu le 24 mai chez nous et, seulement, le 23 juin dans le Hohe Tauern, parc national d’Autriche !

Le « taquet », méthode de lâcher des jeunes gypaètes

A chaque espèce sa méthode de réintroduction. Pour le vautour fauve, il s’agissait d’acclimater en volière des adultes, s’appariant et créant une sorte de colonie. Mise au point de 1970 à 1981, cette méthode, qui a valu de faire connaître le Méjean dans le monde entier, a servi au sauvetage du Condor de Californie, par exemple.

Pour le gypaète barbu, le réseau d’élevage joue un rôle primordial dans la réussite de la réintroduction. En effet, les jeunes gypaètes démontrent une plus grande capacité à s’adapter à un nouvel environnement. La méthode du taquet  est donc utilisée : des jeunes sont lâchés et non des adultes.

Ces poussins, non volants, sont placés dans une cavité rocheuse, aménagée avec un nid de gypaète, garni, comme dans la nature, de branches et de laine perdue. Ils assimilent le lieu de lâcher à leur lieu de naissance. Une fois volants et âgés d’un an, ils parcourront d’autres cieux, rencontreront des congénères et souvent,  reviendront se reproduire tout près de leur lieu de naissance. Ainsi, on peut espérer, d’ici moins de dix ans,  l’installation d’un couple reproducteur de gypaètes barbus dans le Massif Central.

(Midi libre 6 juillet 2016)

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