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Les « poules folles du Mont Lozère »

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Le Grand Tétras est un gallinacée de grande taille, emblématique des forêts. © David Palmer via Wikimedia Commons
Depuis quelques années, durant le mois de mai et jusqu'au début du mois de juin, la même histoire se répète : « les poules folles » sortent du bois et partent à la rencontre des êtres humains.

Qui sont-elles exactement ?

 Ce sont les femelles du Grand tetras Tetrao urogallus, aussi appelé Grand coq de Bruyère.

Cet animal rare et menacé est en déclin en France : il a disparu des Alpes, est menacé d'extinction dans les Vosges, se maintient difficilement dans le Jura et demeure stable dans les Pyrénées. Dans le massif central, après sa disparition au cours du XIXe siècle, l'espèce est réintroduite entre 1978 et 2004 par le Parc national des Cévennes.

 

Pourquoi viennent-elles à notre rencontre ?

L'histoire semble belle, ces magnifiques animaux d'ordinaire très discrets et invisibles dans la forêt se rendent dans des lieux très fréquentés par les humains : villes et villages, bords des sentiers de grandes randonnées, bars, restaurants, et même directement chez des habitants de la station du Mont Lozère, sur leur canapé pour les situations les plus cocasses.

Nous sommes bien sur tentés d'y entrevoir la romance d'une réconciliation entre le monde des Hommes et la nature sauvage, mais la réalité est tout autre : poussées par leur instinct de reproduction, ces poules ne trouvent plus de mâles dans les forêts du Parc national, et gagnent la compagnie des Hommes où, prostrées dans une posture typique de la reproduction, elles attendent en vain de perpétuer leur espèce.

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Une « poule folle » dans son attitude prostrée typique à Finiels, le 20 mai 2016 © Benoit Deffrennes - Parc national des Cévennes

 

Que faire en cas de rencontre ?

Les « poules folles » sont exposées à de nombreux dangers en approchant des zones fréquentées du massif : percussion avec des voitures, attaque de chiens ou encore mauvaises manipulations de l’homme. Si vous en voyez une, il faut prévenir au plus vite le Parc national des Cévennes en notant bien le lieu afin que les agents puissent déplacer les animaux en lieu sûr dans la forêt.

 

Pourquoi l'espèce disparaît-elle dans le Parc National des Cévennes ?

Le Grand tétras est un animal très fragile et exigeant.

Bien que les évolutions des populations d'animaux sauvages soient très difficiles à expliquer clairement, quelques pistes de réponse peuvent être apportées :

Cet oiseau a besoin de grandes forêts très matures. Cet habitat étant très rare dans le Parc national des Cévennes, l'oiseau utilise alors des habitats de substitutions comme les forêts naturelles de pins sylvestres avec un riche tapis de myrtilles issues d’abandon anciens de pâturages, mais ces parcelles sont également peu nombreuses.

De plus l'oiseau a besoin d'une population très étendue : les jeunes peuvent partir loin après leur émancipation, et se retrouvent seuls dès qu'ils quittent le mont Lozère qui est la dernière zone de présence de l'espèce. L'espoir d'un projet de réintroduction plus vaste mené conjointement avec le Parc naturel régional des Monts d'Ardèche et la fédération de chasse de Lozère avait vu le jour ces dernières années mais semble finalement compliqué à réaliser.

Enfin la faible population de l'espèce la menace d'appauvrissement génétique : un projet de capture de un à trois mâles sur le massif des Pyrénées pour un relâché sur le Mont Lozère a été initié récemment par le Parc national, mais n'a pu finalement être mené à bien.

 

Pour aller plus loin :

 

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© Philippe Lucas - Parc national des Cévennes