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Karstine, voyage d’une goutte d’eau sur le Causse

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Bonjour à tous, je m’appelle Karstine. Je suis une goutte d’eau et j’aimerai vous raconter mon voyage sur le Causse Méjean, depuis mon nuage jusqu’au Tarn. Un voyage à la découverte de magnifiques paysages, de leur histoire et de leur biodiversité exceptionnelle.

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Voici mon itinéraire sur le Causse... êtes-vous prêts à me suivre ?

 

Jour 1 : Les merveilleux nuages

 

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On est bien dans ce nuage mais ça commence à devenir un peu trop gris à mon goût… Je crois qu’il est bientôt temps de partir.

Le Causse, depuis le temps que j’en rêve ! Ces pierres de calcaire, ces paysages lunaires… Mais quel Causse choisir ? Celui du Larzac ? Le Sauveterre ? Ou alors le Causse Noir… ?

Non ce sera le Méjean !

Avant d'aller plus, loin vous allez me dire... comment est-il possible de connaître le voyage d'une goutte sur le Causse ?

Et bien c'est le défi qu'ont relevé les spécialistes du Parc national des Cévennes et du Bureau de recherches géologiques et minières dans une étude qui a duré 4 ans ! Vous pouvez la retrouver ici.

 

Jour 2 : le grand saut

 

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Ca y est c’est le grand jour !

Le moment est enfin venu de sauter de ce nuage qui me donne le vertige.

Vais-je tomber sur une pierre et m’évaporer aussitôt ? Serais-je absorbée par une plante ? Si seulement je pouvais continuer mon voyage !

J’aimerais tellement parcourir le Causse Méjean, découvrir ses mystères et, qui sait, revoir un jour l’océan ?

De toutes les gouttes qui tombent à la surface des Causses, beaucoup disparaissent dans le sol ou s’évaporent. Très peu restent disponibles à la surface.

C’est à peu près comme si, sur dix gouttes qui tombent, il n’en restait qu’un seule à la surface du Causse. Eh oui ! Une seule goutte sur dix ça n’en fait pas beaucoup !

Or n’oublions pas que l’eau est indispensable à la vie pour les plantes, les animaux et aussi les hommes. Sur le Causse tout le monde doit économiser l’eau !

Vous voulez en savoir plus sur comment cette eau est gérée dans le Parc ?

Ca tombe bien, tout est expliqué ici !

 

 

Jour 3 : comment j'ai atterri dans une lavogne

 

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De l’eau sur les Causses ! Je croyais qu’il n’y en avait pas ?

Eh bien si ! Je viens d’atterrir sur une couche d’argile imperméable que l’on appelle « lavogne ». Je vais essayer de rester un peu en surface avant de poursuivre mon aventure et j’aimerai vous raconter ce que je vois.

Ces lavognes sont utilisées par les bergers pour y faire boire leurs troupeaux. Lorsque les brebis arrivent, leurs sabots écrasent les herbes et les empêchent de s’installer autour et dans la lavogne.

Ce piétinement fait aussi disparaitre les fissures qui se forment quand l’argile sèche. Cela permet de conserver l’eau. Les bergers enlèvent aussi, régulièrement, la terre et les cailloux qui peuvent s’accumuler au fond.

Ainsi, sans l’aide du berger et des brebis, la lavogne se comble et finit par disparaitre.

Ici, l’agropastoralisme est aussi ancien que la présence de l’homme !

Il a permis à des générations d’éleveurs d’assurer l’alimentation de leur troupeau tout en façonnant et entretenant aujourd’hui encore les paysages agropastoraux remarquables qui ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité !

Envie d'en savoir plus ? C'est par ici !

 

Jour 4 : sur le dos d'un charmant crapaud

 

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Si on ne fait pas beaucoup de bruit, il est possible d'observer des oiseaux comme la Linotte mélodieuse, le Bruant jaune ou le Moineau domestique qui viennent boire, se baigner ou chasser !

N’oublions pas de parler de l’Hirondelle de cheminée qui prend de l’argile humide au bord de la lavogne pour fabriquer son nid dans les bergeries. Certains d’entre eux y restent toute l’année. D’autres, comme les oiseaux migrateurs, n’y font qu’un passage rapide afin de se reposer.

Les lavognes sont de véritables réservoirs de biodiversité !

La nuit tombe et certains habitants deviennent très bruyants. Parmi ces chanteurs on trouve le Pélodyte ponctué, le Crapaud accoucheur ou encore le Crapaud calamite... C'est ce dernier que j'ai choisi de chevaucher pour poursuivre mon aventure ! 

Mais avant que je trouve un moyen d'aller sous terre, vous souhaitez peut-être en savoir plus sur l'extraordinaire biodiversité de ce territoire magique ?

Ca tombe bien car cette page recense toutes les observations réalisées dans le Parc !

 

Jour 5 : l'AVENturra

 

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Ca y est ! J'ai trouvé un passage ! Ce trou dans le sol est appelé "aven".

Il s'agit en fait d'un abîme, une formation géologique caractéristique des causses.

En occitan, le nom "aven" signifie simplement « gouffre » ou « abîme ». Il est le plus souvent formé par l'effondrement de la voûte d'une cavité karstique* dû à la dissolution des couches calcaires* par l'eau.

C'est par là que l’eau de pluie et donc les gouttes comme moi s’écoulent préférentiellement !

Certains sites grandioses comme l’aven Armand, la grotte de Dargilan, l’abîme de Bramabiau ont été aménagés pour l'accueil du public.

D’autres ne sont accessibles que par les spéléologues aguerris comme la grotte de Malaval, exceptionnelle pour la diversité de formes, natures et couleurs de ses concrétions, ou la grotte Amélineau, avec ses milliers de longues fistuleuses.

* karstique ? couches calcaires ? Pour essayer de comprendre ces mots et leur origine, il est indispensable de retracer l'histoire du Causse ! Savez-vous qu'il y a 200 Millions d'années, une mer chaude et peu profonde couvrait tout le Causse ?

Rendez-vous ici pour explorer l’histoire des paysages des Grands Causses depuis leur origine !

 

Jour 6 : pieds sous terre

 

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Je me suis infiltrée et, au bout de l'aven, surgit une cavité !

Cet espace est créé par les gouttes d'eau comme moi qui circulent dans les roches calcaires et les dissolvent progressivement.

Cela permet à un grand nombre d'espèces d'y vivre ou de s'y réfugier.

En effet, malgré son obscurité, le monde souterrain présente une biodiversité bien spécifique qui bénéficie de conditions d’humidité et de température très stables.

Un grand nombre d’espèces de bactéries, d'insectes, de crustacés et de chauve-souris y vivent ou y passent une partie de leur vie.

Parmi les 26 espèces de chauves-souris connues dans le Parc national des Cévennes, plus de la moitié utilisent les cavités rocheuses, au moins une partie de l’année.

Celle que vous voyez à côté de moi sur la photo est un Petit rhinolophe. Elle se reconnait facilement à son museau très particulier en forme de fer à cheval surmonté d'une petite crète. Son nom scientifique Rhinolophus hipposideros, dérivé du grec, rappelle bien cette particularité : rhinos : le nez , lophos : la crête, hippos : le cheval et sideros : le fer.

Au total, le territoire du Parc national compterait près de 630 cavités naturelles !

Envie d'en savoir plus sur les milieux souterrains ? C'est par ici que ça se passe !

De mon côté, je continue mon infiltration, il y a encore beaucoup de choses à découvrir jusqu'à l'océan !

 

 

Jours 7 et 8 : ça se resserre !

 

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2 jours que je me faufile, me glisse, m'insère et ruisselle dans ce dédale...

Parfois, c’est plus petit et compliqué pour l’homme de passer, mais pour une goutte d'eau comme moi, pas de soucis !

Cela n'empêche pas de nombreux spéléologues de venir explorer ces mondes souterrains.

D'ailleurs savez-vous que la spéléologie et le Parc national des Cévennes ont une histoire commune ?

En effet, et c'est Edouard-Alfred Martel, le fondateur de la spéléologie moderne qui en est le lien !

En juin 1888, ce dernier partait avec quelques compagnons sur les traces d'un ruisseau connu sous le nom de Bonheur. Ils poussèrent leur exploration à Bramabiau, la cavité dans lequel ce ruisseau s'engouffrait. Quelques jours plus tard, la même équipe explorait la grotte de Dargilan, en bordure des gorges de la Jonte.

C'est ainsi que la spéléologie moderne est née, au coeur de l'actuel Parc national des Cévennes ! 

Mais l'histoire ne s'arrête pas là car en 1913, c'est ce même Monsieur Martel et le Club Cévenol qui évoquaient pour la première fois la création d'un parc national des Cévennes près de 57 ans avant sa création officielle en 1970 !

 

Jours 9, 10 et 11 : le monde souterrain

 

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Que c'est beau ! Je ne pensais pas tomber sur les bassins d'alimentation des sources !

Je pourrais passer des heures à les contempler... et dire qu'ils sont si fragiles ! En effet ils sont particulièrement vulnérables à la pollution notamment celle liée à l'utilisation de pesticides.

On m'a dit que le plus grand bassin se situait à la source des Ardennes à La Malène. Il a une superficie de 87 km2 ! Vous vous rendez compte, c'est plus grand qu'une ville comme St-Etienne ou Quimper !

Ici on est à près de 300 m sous terre... pas facile pour l'homme d'y accéder !

Vous voulez creuser ? Voici un lien qui vous en dira plus sur les réserves d'eau souterraines du Causse !

 

 

 

Jour 12 : retour aux sources !

 

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Enfin ! De retour à l'air libre !!!

Sur cette photo, vous me voyez glisser sur une source qui se jette dans le Tarn et qui m'emmenera jusqu'à l'Atlantique !

Comme vous l'aurez compris, une source, également appelée résurgence (du latin surgere qui signifie « se lever ») est l'endroit où sort l’écoulement souterrain.

Dans le Parc national des Cévennes, plus de 400 sources alimentent l'ensemble du réseau hydrographique.

Ces cours d’eau abritent une précieuse biodiversité, tant sur les arides plateaux des causses que sur les sommets des monts Aigoual et Lozère, aux précipitations importantes.

Plus loin dans le Parc, sur les massifs du Mont Lozère et de l’Aigoual, d'autres sources alimentent quelques cours d’eau majeurs :

- pour le bassin atlantique : Lot, Tarn, Jonte et Dourbie
- pour le bassin méditerranéen : Altier-Chassezac, Cèze, Gardons et Hérault

La route est longue et je sens que vous avez soif d'images alors je ne résiste pas à l'idée de partager avec vous cette vidéo qui vous donnera une idée de l'importance de l'eau dans le Parc national des Cévennes !

 

Jour 13 : où est Karstine ?

 

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Alors vous me trouvez ? Regardez-bien... Et oui je suis au coeur des Gorges du Tarn ! C'est beau vous ne trouvez pas ?

Nous prenons un peu de hauteur car ici c'est le paradis des vautours, qui ont fait l’objet d’un programme de réintroduction exemplaire !

Ce sont des nécrophages : ils sont donc spécialisés dans la consommation d'animaux morts. Etrange me direz-vous... mais c'est pourtant essentiel car ils sont considérés comme des "culs de sac épidémiologiques" : leurs sucs digestifs font disparaître les vecteurs de maladies en les consommant.

Ils sont au nombre de quatre :

- les Vautours fauves qui se nourrissent les premiers et mangent les matières molles - muscles et viscères. Ils sont les plus nombreux (400 couples reproducteurs dans les Grands Causses)

- les Vautours moines, qui mangent les parties coriaces - ligaments, cartilages, tendons. Cette nourriture étant moins abondante, ils sont moins nombreux (20 couples reproducteurs).

- les Percnoptères, grapilleurs qui se contentent des menus déchets et vivent éloignés de leurs congénères. Ils ne sont que 2 ou 3 couples.

- les Gypaètes barbus qui eux se nourrissent d'os et qui passent donc après tous les autres. Ils sont 11 dans les Grands Causses

Mais revenons dans la rivière car j'ai quand même un océan à rejoindre !

 

Jour 14 : voyage avec une loutre

 

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Le temps presse ! J'aurai pu prendre un canoë mais j'ai trouvé un compagnon encore plus rapide... la loutre !

Les gorges du Tarn sont un haut lieu touristique qui attirent chaque année des milliers de visiteurs.

Alors pour que la cohabitation avec l'extraordinaire biodiversité que j'ai la chance de croiser sur ma route se passe au mieux, de nombreux acteurs du tourisme s'engagent ici pour des pratiques respectueuses de l'environnement comme par exemple les professionnels du canyoning.

Vous voulez aussi explorer les gorges ?

N'hésitez pas à contacter l'Office de tourisme des Gorges du Tarn qui vous conseillera pour allier découverte et pratiques éco-responsables.

Vous pouvez également vous rendre sur le site du Parc "Destination" qui recense toutes les randonnées à faire dans la région ainsi que tous les acteurs de la marque Esprit Parc National qui s'engagent pour la protection de la nature !

 

Jour 15 : direction l'Atlantique !

 

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Me voilà arrivée à la confluence avec la Jonte... le moment de nous dire aurevoir !

Mon aventure ne s'arrête pas là et je vais suivre le Tarn en passant par Millau, Albi, Montauban avant de rejoindre la Garonne jusqu'à Bordeaux et au bout du voyage... l'Atlantique !!!

Si tout va bien j'y serai dans une quinzaine de jours... je vous enverrai une carte !

 

C'était Karstine en direct du Causse pour un voyage qui, je l'espère, vous aura plu !

 

Actualisation - 30 mars 2022 - Des nouvelles de Karstine !


Karstine est arrivée à l'Atlantique et nous a envoyé une carte postale ! 15 jours pour traverser le Causse Méjean puis 15 jours jusqu'à l'estuaire de la Gironde et la voilà désormais prête pour un nouveau voyage !

 

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Evènement !

Nous vous proposons une conférence (10 mars 2022) et deux animations (12 mars 2022) pour revenir sur les thèmes abordés par l'étude hydrogéologique du Causse Méjean et ses résultats.

Inscription obligatoire sur ce lien