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Concilier apiculture et conservation des abeilles sauvages

 

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 © Cécile Férus 

 

L’établissement public travaille avec une équipe de chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) d’Avignon et de l’unité Protection des abeilles dans l’environnement (PrADE) sur une étude visant à analyser si les abeilles domestiques et sauvages entrent en compétition pour les ressources florales.

 

La littérature scientifique reste controversée sur l’effet de l’introduction de nombreux ruchers dans un paysage, rapportant parfois localement des cas de compétitions pour la ressource alimentaire entre les abeilles domestiques et leurs homologues sauvages. C’est par exemple ce qu’à mis en évidence Mickaël Henry, chercheur à l’INRAE d’Avignon lors de la floraison du romarin sur la Côte bleue (Bouches du Rhône). « Nous nous sommes demandé si nous retrouvions ce même phénomène dans un contexte totalement différent c’est à dire les milieux variés du Parc national des Cévennes et sur plusieurs ressources florales », explique Léo Mouillard-Lample, doctorant à Avignon Université et à l’unité PrADE (partenariat entre INRAE et structures techniques).

Avant de se lancer dans cette étude écologique, le chercheur a réalisé des entretiens avec de nombreux apiculteurs afin d’évaluer leur perception et considérer leurs enjeux et contraintes. « Il y a autant d’apiculteurs que de pratiques et cette notion de compétition entre abeilles domestiques et sauvages est difficilement perceptible par les apiculteurs ».

 

2500 abeilles capturées

 

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 Relevé de nectar © Tifenn Pedron - PNC

Entre 2020 et 2021, de début-juin à fin-août, l’équipe de chercheurs, accompagnée par des agents du Parc, a capturé au filet près de 2500 abeilles sauvages butinant les trèfles et les fleurs de prairies puis les fleurs de ronce et de bruyère cendrée situées à proximité des châtaigniers entre Barre-des-Cévennes et Molezon ainsi que la callune et les chardons sur le Bougès, à Finiels et au Mas Camargues sur le mont Lozère.

 

Les captures ont été effectuées à chaque fois à une distance de 20 m à 2 km des ruchers dont la taille variait également. Les abeilles ont été endormies durant quelques secondes avec du dioxyde de carbone, juste le temps pour les chercheurs de mesurer la quantité de pollen transportée et de faire régurgiter l’insecte pour mesurer le volume de nectar stocké dans son jabot, avant de le relâcher.

 

L’analyse des résultats prendra encore quelques mois mais « nous retrouvons des tendances générales similaires à celles trouvées sur la côte bleue. Toutefois nous observons des différences en fonction des plantes et même entre les années. Cette étude est très complexe et nous devons encore prendre en compte d’autres facteurs comme la quantité d’abeilles sauvages présentes sur un site donné ou la météo qui peut impacter la disponibilité de la ressource florale ».

 

Par ailleurs, certaines pratiques agricoles et forestières peuvent aussi faire diminuer ou augmenter cette ressource. Des restitutions de ce travail auront lieu sur le territoire. « Il est important de partager les connaissances des naturalistes et des apiculteurs car si cette compétition existe à un moment précis, sur un milieu ou une essence florale, l’idée est de trouver de nouvelles façon de s’organiser sur les territoires pour concilier l’apiculture à la conservation des abeilles sauvages ».

 

 

 

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 Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc "De serres en valats". Son Grand angle vous permettra de découvrir les actions mises en place par l'établissement public dans le cadre du programme pollinisateurs. Vous pouvez le télécharger sur notre site en cliquant sur ce lien.

 

 

Pour aller plus loin: