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Confortement des seuils pour préserver la zone humide de la Sénégrière

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La plaine de la Sénégrière © Véronique Holstein - Parc national des Cévennes

 

Située sur la commune de Vialas à proximité du mas de la Barque, la plaine de la Sénégrière (43 ha) est la propriété du Parc national des Cévennes depuis 1977.

Acquise afin de soutenir l’élevage et de maintenir les milieux ouverts sur le mont Lozère, elle représente aujourd’hui une zone humide d’intérêt patrimonial.

Retour sur les actions de génie écologique mises en œuvre par le Parc et ses partenaires pour la préserver.

 

 

Une zone humide à la biodiversité riche et diversifiée

 

Formée d’une tourbière, on rencontre sur cette zone humide emblématique du Parc de nombreuses plantes patrimoniales (Drosera à feuilles rondes, Lycopode inondé, Lycopode sélagine, Laîche pauciflore, Gentiane pneumonanthe, Jonc filiforme, Potamot à feuilles de renouée,..), pas moins de 11 espèces de sphaignes ainsi que de belles populations d'Azuré des mouillères (Papillon protégé) et de Leucorrhine douteuse (Libellule très rare en Cévennes).

Elle est actuellement pâturée par des troupeaux de bovins selon un plan de charge défini préalablement avec l’éleveur.

 

 

Des drainages qui ont mis en péril ces zones humides dans les années 70

 

Nombreuses sont les zones humides qui furent drainées dans les années 70 à des fins de valorisation agronomique. La Sénégrière ne fut pas une exception et d’importants travaux de drainage y furent réalisés (4,5 km de drains sur environ 37 ha).

Constatant une dynamique très importante d’érosion régressive dans les drains et une dégradation globale du fonctionnement écologique du site, le Parc a initié, dès l’année 2000, dans le cadre d’un programme européen associant de nombreux partenaires (AME, Région LR, ONF, Chambre d’Agriculture, éleveur, …), la mise en œuvre de mesures de gestion agri-environnementales et hydro-écologiques (coupe de Pins, suivi piezzométrique, pose de barrages-seuils dans les drains, …).

Cette expérimentation a ensuite été étendue à l’ensemble du site, avec le concours de la DIREN, de l’Agence de l’eau et du CNRS.

 

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D'importants travaux de drainage furent réalisés sur la Sénégrières dans les années 70 © Véronique Holstein - Parc national des Cévennes

 

Poser des seuils pour restaurer les éco-systèmes

 

Parmi les actions de génie écologique mises en œuvre, la pose des seuils « étanches » vise à participer, à terme, à :

  • maintenir un niveau d’eau minimum et/ou constant dans les drains et en période de fortes pluies, ralentir les écoulements,
  • favoriser une sédimentation « naturelle », stabilisant l’érosion voire initiant un processus de comblement progressif des drains,
  • participer au soutien de la nappe et du niveau d’eau sub-affleurante,
  • favoriser un épanchement latéral lors des débordements, réinstallant un fonctionnement hydrologique plus équilibré,
  • restaurer une dynamique de recolonnisation du cortège végétal inféodé aux zones humides.

En septembre 2002, 150 seuils en rondins de châtaignier fustés maintenus par des piquets latéraux avaient ainsi été implantés dans les zones les moins dégradées, dans l’objectif de neutraliser 56% du linéaire de drains.

 

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Inspection d’un ouvrage positionné dans l’un des drains, à sec, du fait de la forte sécheresse de l’été. On constate que l’arène granitique présente en fond de drain est recouverte de substrat sédimentaire.© Véronique Holstein - Parc national des Cévennes

 

 

2022 : Confortement de 21 seuils pour conserver leur étanchéité

Depuis 2004, un suivi de l’état et de la fonctionnalité des 150 seuils est régulièrement effectué et nécessite de façon ponctuelle, d’intervenir pour des travaux d’entretien.

Idéalement réalisés en période d’étiage, avant la remise en eau de la Sénégrière par les épisodes cévenols de l’automne, cet entretien consiste essentiellement à conserver le caractère « étanche » des seuils, en corrigeant les différents mécanismes d’érosion en œuvre au niveau de chaque ouvrage.

En septembre 2022, 21 seuils étaient concernés. L’entretien a consisté au comblement des zones d’affouillement* par des pierres d’extraction locale, de différents diamètres, en amont et en aval du seuil, afin de stabiliser les ouvrages ou de renforcer les dépôts sédimentaires.

En complément, des mottes de nard, étrépées* sur site, sont venues renforcer l’étanchéité des ouvrages.

 

* affouillement : action localisée des courants d'eau qui fouillent et érodent le lit ou les berges d'une rivière, ou dégradent les ouvrages d'art qui les bordent

* étréper : retourner la couche superficielle du sol.

 

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Mise en place des pierres dans la fosse d’affouillement © Stephan Garnier - Parc national des Cévennes

 

Prenant en compte la problématique du changement climatique, à l’origine d’une sécheresse de plus en plus marquée sur le massif du mont-lozère, l’arrachage et la coupe des accrus de pins n’ont pas été effectués cette année.

Tablons qu’un couvert forestier diffus sera naturellement maintenu par des niveaux d’eau suffisants et, que limitant le phénomène d’évapotranspiration, il pourra participer à la pérénité de cette zone humide d’intérêt patrimonial.

 

Véronique Holstein,

Cheffe d'équipe Connaissance et Veille du territoire,

massif mont Lozère

 

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© Véronique Holstein - Parc national des Cévennes

 

Pour aller plus loin :