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Petites chouettes de montagne : une situation contrastée

Faune

La 3e rencontre du réseau « Petites chouettes de montagne » s'est tenue à Florac-Trois-Rivières du 17 au 19 octobre.

Plus de 80 naturalistes, agents de l’ONF, des parcs naturels régionaux et nationaux, scientifiques et gestionnaires d’espaces naturels ont participé à la 3e rencontre du réseau « Petites chouettes de montagne ». Des représentants de la Catalogne et de la Suisse étaient présents pour cette nouvelle édition organisée du 17 au 19 octobre par le Parc national, la LPO et l’ONF à Florac-Trois-Rivières,.

 
Cette rencontre, qui a rassemblé des passionnés, avait pour objectif de partager les connaissances sur la répartition, l’écologie et les habitats de la Chouette de Tengmalm et de la Chevêchette sur le territoire national. Ces deux petites chouettes se retrouvent principalement sur les massifs montagneux des Vosges, du Jura, des Alpes, des Pyrénées et du Massif central à plus de 1 000 m d’altitude.

Comme dans le Limousin, la Chouette de Tengmalm est apparue dans les années 90 sur le massif de l’Aigoual, dans le Parc national des Cévennes. Elle a ensuite étendu son aire de répartition au causse Méjean, au massif du Bougès et au mont Lozère. Cette petite chouette, qui affectionne la hêtraie sapinière, niche dans des cavités creusées par un autre oiseau : le Pic noir.

Depuis sa découverte, chaque année, des suivis de population sont effectués par les gardes-moniteurs du Parc en partenariat avec l’ONF. Ils se traduisent par le repérage d’arbres à loges, la localisation des mâles chanteurs durant l’hiver et le suivi des reproductions. Au total, près de 1 200 arbres à loges sont suivis sur l’Aigoual. Plusieurs dizaines de mâles chanteurs sont recensés chaque année, avec des fluctuations, qui s’expliquent par la disponibilité de la ressource aliétéo. Une abondance de faînes (fruit du hêtre) entraînera une prolifération de proies : mulots, campagnols...Un faible enneigement au sol permettra au petit rapace nocturne de chasser plus facilement.

Si la population de chouettes de Tengmalm semble stable, voire en légère progression en Cévennes, elle s’effondre dans le Jura, où elle fait l’objet d’un suivi depuis plus de 40 ans, Dans ce grand massif forestier, historique pour l’implantation de l’espèce, le nombre de nids a chuté de moitié en 20 ans. Les principales causes sont le changement climatique et la gestion forestière.

La Chevêchette d’Europe se fait, elle, très rare sur le territoire du Parc national. Un mâle chanteur a été localisé une seule fois en 2016. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la plus petite chouette d’Europe - elle mesure entre 16 et 19 cm - ne se cantonne pas uniquement aux forêts d’altitude. Dans les Vosges, elle a été découverte en 2000 à seulement 250 m d’altitude dans une cuvette froide et humide composée de chênes, de pins sylvestres et d’épicéas. Un suivi a été mis en place et à l’heure actuelle et une vingtaine de nids sont suivis chaque année.

La conservation de futaies irrégulières, de forêts anciennes, d’arbres à loges et le report des coupes en période de nidification sont essentiels à la préservation de l'habitat de ces petits rapaces nocturnes. Un protocole national de suivi à long terme des populations sur des sites de référence a été mis en place. Il devrait nous permettre de mieux connaître la dynamique de ces deux espèces au niveau national en lien avec des évolutions dans la gestion des habitats forestiers et le changement climatique.

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Colloque Petites chouettes de montagne
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Colloque Petites chouettes de montagne