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« Il faudra trouver de nouvelles ressources pour les abeilles »

 
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Philippe Clément, apiculteur sur le causse Méjean

et président du Groupement de Défense Sanitaire Apicole de la Lozère (GDSA 48).

 

 

 

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Quel bilan dressez-vous de la récolte de miel 2022 ?

C’est assez hétérogène au niveau du département, cela dépend des pratiques des apiculteurs. Pour ceux qui possèdent des ruches fixes et qui ne font que 1 ou 2 récoltes par an, l’année a été compliquée et les récoltes sont faibles. Pour les transhumants, l’année a été plutôt bonne.

En raison de la sécheresse et de la canicule précoces, nous avons constaté un décalage d’ un mois sur toutes les récoltes. Je possède 250 ruches dont les deux tiers transhument et un tiers est fixe. Nous avons récolté en moyenne 10 kg sur une ruche fixe contre 20 à 25 kg sur une ruche transhumante.

 

Constatez-vous de plus en plus l’impact du changement climatique sur votre activité ?

On constate que les saisons sont de moins en moins marquées et que les floraisons sont chamboulées. Habituellement, la récolte du miel du causse ne s’effectue jamais avant début juillet, cette année nous l’avons faite le 3 juin. La récolte était certes de bonne qualité mais il a fallu en permanence s’adapter. C’est presque au jour le jour que l’on décide de déplacer les ruches car les miellées durent très peu de jours. Avant les floraisons duraient un mois, maintenant c’est 7 à 10 jours.

 

Les abeilles manquent de ressources alimentaires ?

Il y a une baisse notable de la ressource à certaines périodes et une diminution de la ressource par rapport au nombre de plantes disponibles. Certaines floraisons ne produisent plus de nectar comme par exemple, sur le causse, le Serpolet. Il y a 30 ans, on ne nourrissaient pas les abeilles, il y a 10 ans, c’est uniquement en hiver et maintenant les apiculteurs qui ne transhument pas doivent nourrir les abeilles au mois d’août.

 

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 © Tifenn Pedron - PNC
Le changement climatique va s’accentuer, les apiculteurs vont-ils devoir changer leurs pratiques ?

L’abeille est liée à la ressource donc les apiculteurs transhumants s’en sortent mieux. Dorénavant, il va falloir trouver de nouvelles ressources avec des plantes plus résistantes à la sécheresse. En Cévennes, nous savons que le châtaignier est amené à fortement diminué ou à disparaître, la récolte de miel de châtaignier diminue chaque année. Il faudra trouver d’autres arbres pour le remplacer. L’Acacia prend de plus en plus de place dans les basses Cévennes, c’est peut-être une ressource nouvelle à exploiter au printemps, il en faudra d’autres pour toute la saison.

 

Vous plantez des haies mellifères ?

Cela fait 15 ans que je plante des arbres et des arbustes, et je constate que ceux qui ont été plantés depuis 2 à 3 ans ont souffert cet été. Il faudra attendre le printemps prochain pour dresser un bilan. Le Noisetier et le Cornouiller Sanguin ont été très impactés alors que le Cornouiller mâle et l’Érable résistent. Nous n’avons pas arrosé cet été car nous avons garder la faible quantité d’eau dont nous disposions pour abreuver notre troupeau de 400 ovins.

 

Dans un futur proche, sera t-il possible de vivre uniquement de l’apiculture ?

Le métier est devenu très technique et très professionnel et ce sera difficile de s’en sortir sans transhumance et sans implanter des cultures mellifères à grande échelle. Pour un jeune qui souhaite se lancer à partir de rien, en montant sa propre exploitation, ce sera très compliqué. Quand j’accueille des stagiaires je les mets bien en garde car nous allons connaître des années difficiles.

 

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 Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc "De serres en valats". Son Grand angle vous permettra de découvrir les actions mises en place par l'établissement public dans le cadre du programme pollinisateurs. Vous pouvez le télécharger sur notre site en cliquant sur ce lien.

 

 

Pour aller plus loin: