Partager

Grande Noctule, de belles découvertes sur l’Aigoual

Faune

Comme nous vous l’annoncions en juillet 2021, la Grande Noctule a été observée pour la première fois sur la partie nord de l’Aigoual.

Suite à cette découverte, de nouvelles prospections naturalistes ont été réalisées cet été par des agents du Parc national et de l’ONF afin d’améliorer les connaissances sur cette population de chauve-souris.

Et les résultats sont encourageants !

 

 

En 2022, les agents du Parc et de l’ONF ont concentré leurs recherches autour des 2 arbres-gîtes découverts l’année précédente, dans le secteur d’Aire de Côte. La stratégie de capture des individus a consisté en la visite, en journée, des noyaux d’arbres à loges préalablement cartographiés par les agents de terrain. En effet, pour cette espèce, la colonie émet des cris sociaux clairement audibles depuis le pied de l’arbre. La capture peut ensuite se faire par le moyen d’un filet de canopée positionné devant la loge supposée occupée.

 

Le dispositif de filet de canopée a permis d’équiper 5 mâles avec des émetteurs miniaturisés (dont 3 disposant également d’une technologie GPS). Ces individus équipés ont permis de localiser 5 arbres-gîtes supplémentaires, auxquels s’ajoutent 3 autres arbres-gîtes découverts grâce aux cris sociaux dans des secteurs jugés favorables au préalable.

 

Sur la base des arbres-gîtes identifiés, tous des hêtres avec des loges de Pic noir, un comptage simultané a permis de donner une première estimation de l’effectif de la population, avec un total de 67 individus. Néanmoins, 2 mâles équipés n’ont pas été retrouvés lors de la session et un noyau supplémentaire d’au moins 22 individus a été découvert plus au nord, dans le secteur du Marquairès, laissant supposer une population plus importante sur le massif de l’Aigoual.

 

carte_1.jpg
Perspectives d’études complémentaires

La mission 2022 en forêt domaniale de l’Aigoual s’est soldée par de belles découvertes, avec une importante population de mâles de Grande Noctule sur le massif.

Pour les années à venir, plusieurs axes sont souhaitables pour orienter la gestion en faveur de cette espèce patrimoniale et emblématique :

  • Compléter la connaissance sur le réseau d’arbres-gîtes à grandes noctules au sein du massif de l’Aigoual, en confirmant ou en infirmant :

- la présence de femmes reproductrices sur la zone,

- les divers noyaux de gîtes de mâles au sein de la forêt domaniale,

- la fidélité des individus à ce réseau d’arbres.

  • Évaluer l’effectif de la population et caractériser son statut
  • Équiper plusieurs individus d’émetteurs GPS pour connaître les domaines vitaux, corridors de déplacement et territoires de chasse du ou des groupes.

La Grande Noctule, Nyctalus lasiopterus

nyctalus_lasiopterus01w.png
Popa-Lisseanu AG, Delgado-Huertas A, Forero MG, Rodríguez A

La Grande Noctule est la plus grande chauve-souris d'Europe. (Re)découverte en France au début des années 2000, les connaissances la concernant restent encore fragmentaires. En raison de sa rareté et de ce manque de connaissances, elle fait partie des espèces à fort enjeux dans le Plan National d’Actions Chiroptères.

Les plus gros noyaux de population semblent implantés dans le Massif central au sens large, avec une extension jusqu’en Ariège. Un autre noyau est également présent sur le littoral atlantique de la moitié sud de la France.

Elle semble affectionner les gîtes sylvestres de façon exclusive. Tous les gîtes découverts ces dernières années sont des loges de pics (Noir ou Epeiche) dans des essences variées (majoritairement hêtres, chênes ou pins). Les colonies peuvent être composées de femelles uniquement mais des regroupements de mâles sont aussi observés, tout comme des groupes mixtes.

L’espèce est également connue pour réaliser des grandes migrations à travers l’Europe, au printemps et à l’autome, bien que certains mâles puissent aussi avoir un caractère sédentaire (information à confirmer). Elle est la seule espèce de chauve-souris européenne qui consomme des passereaux notamment lors des flux migratoires de printemps et d’automne. Elle est capable de chasser ses proies à plus de 2000 m d’altitude, pour consommer ensuite en chute libre. Classée « Vulnérable » dans la liste rouge UICN France, elle est très impactée par les projets éoliens et potentiellement par la gestion forestière. Les acteurs forestiers ont donc une grande responsabilité dans les actions de conservation sur cette espèce.

 

 

 

 

Pour aller plus loin :